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PrÉSentation

  • : Lez/zone
  • : Lez Zone est un espace dédié à la culture et aux arts sapphiques, au féminisme. Vous y trouverez également quelques actualités. Poèmes illustrés, peinture, photographie, artistes invitées.
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Textes illustrés

Lucie Aubrac :

Résister 

Rose Ausländer :

Dans le rien

Découvrir un chant

La chambre m'abrite

Ne le sais

Quand je partirai

Tu es là encore

Anne Archet :
Convulsive

Union nucléaire

Nicole Barrière :

Femmes en parallèle

Marie Bataille :

Nuit

Le silence te creuse

Germaine Beaulieu :

Dans l'attente

Elle s'interroge

Il n'y a plus de sens

Rien du noir

Tu tiens bon le désir

Jannick Belleau :

Adios Amiga

Jovette-Alice Bernier :

C'est alors que l'on sait

J'abdique tout

Louky Bersianik :

La Splendeur

Le testament de la folle alliée

Le visage

Maladie d'amour

Huguette Bertrand :

Alpamayo

Blondes nuits ensoleillées

Enchevêtré aux impossibles

Je ne suis que le vent

J'ai cette gourmandise

Les visages du temps

Quand le cri du corps

Sous la caresse des mots

Sur la pointe des doigts

Sur l'écran brûlant...

Claudine Bohi :

L'humilité...

France Bonneau :

Si j'étais immigrante

Nicole Brossard :

Aujourd'hui je sais

Ma continent

Ne touchons pas...

Sa surface

Sous la langue

Françoise Bujold :

Quand la perdrix...

Mélanie Cantin :

Innocent amour

Diane Cardinal :

Je m'assois sur ton nombril

Je m'infiltre sous ta peau

Tu murmures

Patrizia Cavalli :

De moi...

Natalie Clifford Barney :

Etre libre

Anne Collignon :

Ils étaient cinq

Cristie Cyane :

Laisse-toi aller

On veut pas d'ça ici !

Polaroïd

Rainbow

Un baiser sur ses seins

Louise Cotnoir :

Il faudrait le poème

Le sexe marqué...

Maison à louer

Christine Davi :

Elle dit non

Lucie Delarue-Mardrus :
Baiser 
L'étreinte marine
Refus

Si tu viens

Denise Desautels :

Les chuchotements et la caresse 
L'espoir ?

Tout ce bleu

Une histoire de beauté

Chahdortt Djavann :

L'Iran d'aujourd'hui

Hélène Dorion :

Tu avances une main...

Tu viendras...

J'adviens...

Emily Dickinson :

Douter de Moi !

Elle s'éleva...

Il a Sanglé ma vie

Il s'exerce sur votre Ame

Pour Toi

Eve Ensler :

Le clitoris...

Mon vagin, mon village

Procès en sorcellerie

Rosanna Fiocchetto :

La fureur...

Jacqueline Francoeur :

Sérénité

Madeleine Gagnon :

Un monde androgyne

Cathy Garcia :

Oiseaux

Claire Gérard :

Sensualité

Benoîte Groult :

Elle voudrait

Patricia Guenot :

Abolir la spirale...

Avenir Féminin

Tes mains

Colette Haddad :

Si proche !

Anne Hébert :

L'envers du monde

Les petites villes

Nuit

Istina :

Je me bats

Elle marche

Michèle Lalonde :

Speak white

Sophie Langemont :

Quand je t'imagine

Marguerite Lapalme :

Assimilation

Audre Lorde :

Combattre l'oppression

Habiter les silences...

Savoir - plutôt que penser

Marie-Victoire Louis :

Justice

Andrée Maillet :

Amérique française

Françoise Mariotti :

Lisse comme une pierre blanche

Hélène Marquié :

Le corps subversif

Luci-Louve Mathieu :
Femme

Femme source

Les filles de plume

Lettres

Valéry Meynadier :

Juste...

Peu...

Carole Menahem-Lilin :

Désir obscur...

Le nu visionnaire

Nudité

Souffle 
Un parfum d'écorce

Micheline Mercier :
Abnégation

Isabell Miller :

Fondre

Shawn Mir :

Là-bas les Flandres

La lesbienne d'aujourd'hui

Misfit :

Ange d'éternité

De mes soeurs lesbiennes

Des siècles...

D'un clapotis de l'âme

Le tourbillon...

Tout se passera bien

Vermillonner d'aimer

Colette Nys-Mazure :

Aimée-Aimante

Délivrer les sources

Flux et reflux
Angèle Paoli :
Peut-être

Geneviève Pastre :

Au mâle quand il veut s'interposer

Bonheurs

Je chie je dis...

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Aimer

Lucie Poirier :

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Catherine Ribeiro :

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Jeanne Talbot-David :

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Un peu d'art aussi, des coups de crayons et de pinceaux, de la poésie, des images.

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31 octobre 2006 2 31 /10 /octobre /2006 10:24

 
Au sommaire de ce numéro, une entrevue exclusive avec le grand écrivain Éric Jourdan ainsi qu’une présentation de son roman L’Amour brut. Les fans de James Dean seront heureux d’en apprendre un peu plus sur sa vie grâce au témoignage de William Bast enfin publié en français. Du côté des textes théoriques, l’étude d’Éric Foucault sur les lieux de drague est à ne pas rater tandis que Patrice Corriveau nous parle de la répression des homosexuels au Québec et en France. Pour revenir au roman, La Référence vous propose trois nouveautés pour accompagner vos soirées d’automne. Sur un ton très léger d’abord, Sexe et dépendances de Stephen McCauley et Un garçon à Seattle d’Olivier Cechman. Puis, un peu plus grave, le polar Sous une pluie de flammes dernier titre du toujours passionnant Michael Nava. Pour terminer, l’auteur Michel Bellin nous livre son palmarès des dix meilleurs titres gays. Bonne lecture et rendez-vous à la mi novembre pour notre prochain numéro.


Pierre Salducci, rédacteur en chef
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30 octobre 2006 1 30 /10 /octobre /2006 15:50
Des personnalités people s’engagent avec Aides contre l’intolérance générée par le VIH

 

« C’est le sida qu’il faut exclure, pas les séropositifs »

(JPEG)

Grâce à l’engagement de personnalités (Johnny Hallyday, Jean-Pierre Foucault, Claire Chazal, Muriel Robin, Laurent Ruquier, Cauet, Drogba), AIDES a souhaité que sa nouvelle campagne de sensibilisation porte un message de tolérance vis à vis des personnes séropositives et de questionnement pour chacun quant à son respect de l’autre. AIDES a lancé le 24 octobre sa campagne dans toute la France .

Contribuer à la meilleure dignité des personnes séropositives est un lourd combat tant cette dignité est aujourd’hui affectée par la chape de silence qui pèse sur les personnes touchées par ce virus. Depuis toujours, il est établi que pour lutter contre l’épidémie il faut répondre aux préoccupations immédiates d’accès à la prévention et aux soins, mais aussi dénoncer les conditions de société rendant les personnes plus vulnérables face au VIH/sida et les influer. « Nous vivons une « VIH-phobie » ou une « sidaphobie » dans notre intimité affective, dans notre sexualité, dans notre intimité familiale, au travail ou avec certains soignants. Souvent, il est invivable de vivre seul avec le VIH. Souvent, il est insupportable de porter seul son VIH. Alors, si nous souhaitons le dire, nous devons le dire sans crainte d’un jugement, d’une exclusion, et sans honte ni culpabilité. Si nous ne voulons pas le dire, nous devons pouvoir décider de ne pas le dire et ne pas être contraints de le faire. »

Association Aides www.aides.org

 

Pierre Léonard

Source : http://www.france.qrd.org/actualites/article.php3?id_article=2701

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30 octobre 2006 1 30 /10 /octobre /2006 12:01

Nicolas, doublement victime de l'homophobie

Agressé à son domicile, menacé de mort à Ivry en juillet, Nicolas a été contraint d'abandonner son appartement. Depuis, en dépit de nombreuses démarches, il ne trouve toujours pas de solution pour se reloger. Victime de l'homophobie, il l'est désormais doublement.

Il y aura maintenant pas loin de quinze semaines que Nicolas a - en compagnie de Laurent, un ami qu'il hébergeait - été agressé à son domicile par une bande de jeunes de la cité où il vivait alors. Les insultes ont rapidement cédé la place aux menaces puis au lancement d'un cocktail Molotov au domicile de Nicolas, depuis la justice est saisie mais reste un problème. Un problème de taille, puisque Nicolas n'a toujours pas trouvé un nouveau logement.

Rapidement la police fait comprendre à Nicolas que la gravité des faits est telle qu'il va lui être impossible de rester dans son appartement. Elle lui conseille d'en partir et même de s'installer dans une autre ville. Il résilie son bail début août. "Je suis allé voir France Habitation, mon bailleur d'alors, qui m'a proposé un logement dans une cité très proche de celle que j'étais contraint de fuir. J'ai évidemment refusé. Très vite, j'ai dû quitter mon appartement et être hébergé chez des amis, chez mes parents, raconte Nicolas. Peu après les premiers articles qui ont paru sur notre agression, j'ai reçu beaucoup de messages de soutien, des mails notamment pour m'aider à trouver un nouveau logement mais je n'ai toujours pas de solution".

Nicolas et Laurent, qui sont amis mais pas en couple, entament alors un marathon pour trouver un hébergement. Pas de solution à Ivry, pas davantage chez France Habitation, les démarches entreprises auprès de la mairie de Paris et de quelques mairies d'arrondissements s'avèrent infructueuses, la Préfecture n'est joignable que sur répondeur. "J'ai souvent laisser des messages expliquant ma situation, personne ne m'a jamais rappelé, explique Nicolas. On m'a renvoyé vers des sociétés d'économie mixte qui gèrent des appartements qui m'ont répondu qu'elles ne faisaient pas d'attributions directes mais que les mairies le faisaient. Mais dans toute sles mairies, les procédures durent plusieurs mois. A mon travail [qu'il a repris fin septembre], j'ai demandé à ce que le DRH fasse jouer le 1 % patronal mais là non plus il n'y a pas de solution."

Les démarches entreprises auprès du Centre LGBT Paris Ile-de-France échouent elles aussi. Le Centre ne dispose plus depuis deux ans, faute de budget, des coupons d'hébergement qu'il pouvait mettre à disposition des homos en situation d'urgence. "Laurent et moi avons trouvé des solutions de dépannage durant l'été et à la rentrée. Nous avons été hébergés chez des amis, un peu chez mes parents. Mais à certains moments, nous n'avons pas eu de solutions, nous avons donc dû coucher dehors plusieurs nuits dans Paris, explique Nicolas. J'attends de mon côté une solution. Il me faut encore patienter, mais je suis très amer de ce que je dois encore subir. J'ai été dans l'obligation de quitter mon appartement parce que j'y ai été agressé, menacé de mort et je suis aujourd'hui sans domicile. Je suis doublement victime et je trouve désespérant qu'il faille attendre encore pour trouver une solution à ma demande d'aide d'urgence. Cette urgence, moi, je la vis depuis plus de deux mois maintenant."

Jean-François Laforgerie

>> Côté justice

Sept agresseurs présumés sont poursuivis pour "injures publiques à caractère homophobe et menaces de mort en raison de l'orientation sexuelle". Le tribunal correctionnel de Créteil a demandé, début septembre, au procureur de la République un supplément d'information et de procéder à "des investigations supplémentaires approfondies". SOS Homophobie s'est constituée partie civile dans ce dossier qui ne devrait désormais pas être jugé avant plusieurs mois.

Mis en ligne le 30/10/06

Source : http://www.e-llico.com/

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30 octobre 2006 1 30 /10 /octobre /2006 11:59

Italie : la députée trans Luxuria prise à partie dans les toilettes de l'Assemblée nationale

La députée trans italienne, Vladimir Luxuria, a été prise à partie vendredi dans les toilettes des femmes de l'Assemblée nationale par la porte-parole de Forza Italia (droite), le parti de l'ex-chef de gouvernement Silvio Berlusconi.

"Ici, ce sont les toilettes des femmes, tu ne peux pas être là", a lancé la porte-parole Elisabetta Gardini à Wladimiro Guadagno, alias Vladimir Luxuria, selon le récit de ce dernier. "Il y a des années que j'utilise les toilettes des femmes et six mois (depuis son élection, ndlr) celles de l'Assemblée. Je ne me serai jamais attendu à une agression aussi violente", a déclaré le député de Refondation communiste (PRC).

L'affaire est remontée jusqu'au président de la chambre Fausto Bertinotti, leader du PRC, qui a regretté que "la tolérance" soit une qualité absente du parlement. Le bureau de la présidence de la Chambre a cependant été saisi de l'incident et devra trouver une solution.

Né homme mais se vivant comme femme, l'icône du mouvement gay de la Péninsule a été élue députée en avril lors des dernières législatives à Rome où Fausto Bertinotti l'avait persuadé de se présenter comme tête de liste du PRC.

Lire le portrait de Vladimir Luxuria .

Mis en ligne le 30/10/06

Source : http://www.e-llico.com/

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29 octobre 2006 7 29 /10 /octobre /2006 16:05

La femme dans la société maghrébine


Le thème de la femme dans les pays en voie de développement continue à faire couler beaucoup d’encre dans les universités américaines où la division d’hier entre chercheurs confirmant l’exploitation de la femme et leurs collègues prouvant l’éveil de la conscience féministe se mue aujourd’hui en une analyse plus nuancée qui met en évidence la complexité et les contradictions du vécu féminin. En tant que chercheurs examinant la situation de la femme au Maghreb, que nous soyons «insider» ou «outsider», maghrébins ou étrangers, nous sommes tous conscients des enjeux politiques du champ de recherche. En soulevant la question du rôle de la femme dans la sociéte maghrebine, nous entrons dans le débat sur la tradition et la modernité, un débat qui porte sur l’éducation, la religion, le développement économique et social.


Aux Etats-Unis, étant donné la décentralisation de l’enseignement supérieur et le grand nombre d’universités, les spécialistes du Maghreb se trouvent partout, dans les grandes universités qui offrent des programmes de doctorat (Ph.D) comme dans les «collèges», ces universités plus petites où les étudiants préparent la licence. Pour les chercheurs travaillant sur le Maghreb, trois associations facilitent énormément les contacts et la diffusion des informations : Middle East Studies Association (MESA), American Institute for Maghreb Studies (AIMS), Association for Middle East Women’s Studies (AMEWS). MESA regroupe les chercheurs du Maghreb et du Moyen Orient, AIMS se consacre uniquement au Maghreb et AMEWS à la recherche sur les femmes du Moyen Orient et du Maghreb. Ces trois associations tiennent des colloques, publient des revues et des bulletins et encouragent des échanges d’idées interdisciplinaires et transnationales.


AIMS nous propose un ouvrage collectif en français, Femmes Cultures et Société (1996), rassemblant des contributions de chercheurs maghrébins et américains issues d’un colloque sur le thème : «Femme, Etat et Développement». Ecrit par des chercheurs appartenant à des disciplines différentes – histoire, anthropologie, économie, science politique – cet ouvrage présente différents points de vue et ouvre plusieurs débats, qui se réfèrent dans la plupart des cas à des recherches menées sur le terrain. Comme le soulignent les éditeurs, Rahma Bourqia, Mounira Charrad, et Nancy Gallagher, les analyses qui portent sur les différents aspects des rapports entre les sexes, utilisent le terme de genre ou «gender» (un terme en anglais dont l’équivalent semble manquer en français) pour insister sur une identité sexuelle définie en tant que construction sociale et culturelle plutôt que comme fait biologique. Le premier volume, Culture, femme et famille présente surtout des articles anthropologiques. Par exemple, Elaine Combs-Schilling (Université de Columbia), analyse le rite du mariage au Maroc en tant que processus par lequel la monarchie s’inscrit dans la vie de chaque Marocain. Selon le rite, le marié qui exerce son pouvoir dans la sphère publique devient symboliquement le roi au cours de la cérémonie, un rôle qu’il gardera jusqu’à ce qu’il prouve sa virilité, jusqu’à l’accomplissement de l’acte sexuel. Ainsi par le biais de la cérémonie s’établit un modèle personnel d’autorité lié au système de domination politique de l’Etat.


Le deuxième volume Femmes, pouvoir politique et développement examine le statut de la femme dans les discours historique, juridique, et politique. Dans ce volume, Mounira Charrad (Université de Pittsburgh) et Ann Elisabeth Mayer (Université de Pennsylvanie) font des analyses comparatives de la politique du droit de la famille et du statut personnel dans les trois pays du Maghreb. M. Charrad met en relief l’importance de l’Etat dans l’évolution des droits de la femme en montrant les divergences juridiques des trois pays malgré leur racine commune, le rite malékite, qui donne aux hommes le pouvoir légal de contrôler la famille. A. E. Mayer, en revanche, insiste sur les aspects communs des lois maghrébines. Partant du principe que les trois pays partagent un héritage français aussi bien que malékite, elle étudie les conséquences de leur choix du modèle français modifié, un choix qui permet à l’Etat le maximum de contrôle juridique tout en se référant à la jurisprudence islamique. Reliant les lois patriarcales maghrébines à une double tradition, l’une musulmane, l’autre méditerranéenne, elle nous rappelle que le Code Napoléon imposa en 1804 une structure patriarcale à la France qui renforça le principe du chef de famille. Ainsi, les lois maghrébines récentes (voir le code de la famille algérienne de 1984) et le droit occidental avant la modernisation se rejoignent, en permettant au mari d’interdire à sa femme de travailler en dehors de la maison.


Il est clair que la Tunisie est reconnue comme l’Etat maghrébin le plus progressiste dans le domaine des droits de la femme. Le progressisme de la mentalité tunisienne est soutenu par les femmes participant à la vie publique. Dans son article consacré à la Tunisie, Susan Waltz (Université de Floride) examine le concept de «sens de l’efficacité» qui donne à l’individu l’idée qu’il est capable d’agir et que le groupe social répondra. S. Waltz a mené des entrevues avec une douzaine de femmes élues dans des municipalités tunisiennes. Son enquête révèle que le «sens de l’efficacité» exige d’elles un apprentissage particulier pour fonctionner dans un monde dominé par les hommes. S. Waltz trouve que cette voie est souvent ouverte aux filles par des hommes et elle conclut que les associations de femmes doivent réfléchir sur les structures dominantes afin de créer des opportunités pour les femmes. Cette réflexion sur la formation politique des femmes et leur insertion dans l’espace politique est récurrente aux Etats-Unis où les enseignants font beaucoup d’efforts dans les discussions pédagogiques pour encourager les filles à envisager leur entrée future dans l’arène politique.


La réflexion sur l’insertion de la femme dans la politique sert de transition à une étude récente de Elizabeth Warnock Fernea, In search of Islamic Feminism : One woman’s global journey. Dans ce texte, publié en 1998, E. W. Fernea examine le rapport de la femme musulmane à l’idéologie féministe. Menant son enquête dans plusieurs pays musulmans y compris le Maroc, elle cherche à savoir ce que signifie le féminisme pour la femme musulmane et si le féminisme est une idéologie universelle qui dépasse les barrières de classe, de religion, de culture.


Le voyage au Maroc est un retour aux sources pour une ethnologue américaine dont les recherches sur la femme musulmane remontent à plus de quarante ans. Ce qui débute comme une interrogation de «l’autre» devient un échange d’idées où l’interrogation porte sur deux cultures questionnant le rôle de la femme. Dans ce texte, E. W. Fernea constate que les femmes interviewées refusent l’étiquette féministe, persuadées que ce terme importé de l’Occident ne correspond pas à leur propre réalité. Leur interlocutrice américaine, qui plus est, n’arrive pas à leur faire comprendre tout à fait le sens du terme genre ou «gender», c’est-à-dire, le principe d’une construction sociale de l’identité sexuelle remplaçant une étiquette purement biologique. Poursuivant son enquête, l’ethnologue se rend compte de l’énorme barrière de classe présente dans la société marocaine actuelle et conclut que le facteur déterminant de la promotion sociale et économique au Maroc est celui de classe plutôt que celui de genre. Et, lorsque E. W. Fernea retrouve son ancienne bonne Aïcha ruinée par un fils paresseux, elle quitte le terrain théorique pour s’ancrer à nouveau dans la réalité, afin d’être le témoin éloquent du petit peuple dont le sort change trop lentement ou pas du tout. Insistant sur les petits détails de la vie quotidienne, E. W. Fernea recrée ce quotidien pour ses lecteurs, de manière à ce qu’ils la rejoignent dans la redécouverte du pays et dans ses rencontres avec toutes ces femmes courageuses et dynamiques dont les talents contribuent à l’évolution de leur société.


En revanche, en Algérie la femme vit une expérience bien différente de celle de ses sœurs marocaines et tunisiennes. Prise dans un conflit qui oppose le gouvernement aux intégristes, elle est confrontée au danger quotidien d’une guerre non-déclarée bloquant toute évolution sociale. La violence de cette lutte fratricide est au cœur de toute réflexion sur l’Algérie aujourd’hui, elle empêche également des recherches. Dans les universités américaines, les étudiants au niveau du Ph.D travaillant sur l’Algérie sont peu nombreux, car le pays reste inaccessible à ceux dont les recherches nécessitent d’y faire un séjour prolongé.


Dans un article consacré à la femme algérienne, «Hassiba Ben Bouali, if you could see our Algeria», Susan Slyomovics (Université de Brown) examine les contraintes spatiales imposées aux Algériennes en se référant à la moudjahida Hassiba Ben Bouali. S’engageant dans la révolution, cette martyre de la bataille d’Alger a assumé un rôle nouveau, en évoluant dans un espace autre que l’espace familial. Dans le film de Gillo Pontecorvo, La Bataille d’Alger (1967), la caméra suit Hassiba, habillée à l’européenne, quittant la maison pour la rue, traversant la Casbah des indigènes et pénétrant dans la ville nouvelle européenne pour poser une bombe. S. Slyomovics nous rappelle que ses sœurs voilées, arabophones et analphabètes, soutenaient la révolution et participaient à la lutte.


En Algérie post-coloniale, le gouvernement encourage la présence des femmes dans les espaces publics, mais la mixité est réduite par la résurgence islamique, une situation politique qui pousse de plus en plus de femmes à porter le hijab. Dehors le voile apparaît comme un symbole d’intériorité permettant l’entrée dans l’espace masculin sans remettre en cause la distinction entre le monde privé et public ; la femme qui le porte pense pouvoir échapper au regard masculin oppressif. Mais voilée ou non, la femme algérienne est prisonnière de la violence qui secoue son pays et victime d’une lutte fratricide que Hassiba Ben Bouali n’aurait jamais imaginée. Les regards portés sur l’Algérie aujourd’hui des Etats-Unis sont engagés, les amis de l’Algérie s’interrogeant sur les moyens d’aider cette population en crise.


En conclusion, ce bref survol met en relief les études des rapports de genre et les analyses du statut de la femme dans le discours politique et juridique et démontre la participation active de la femme maghrébine, une participation déjà acquise en Tunisie, en évolution au Maroc, et en crise en Algérie.




28-10-2006
Mildred Mortimer

Source : http://www.lanouvellerepublique.com/actualite/lire.php?ida=43941&idc=10

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29 octobre 2006 7 29 /10 /octobre /2006 11:23

 Pour un regard féministe matérialiste sur le queer.

Échanges entre une féministe radicale et un homme anti-masculiniste


Sabine Masson, Léo Thiers-Vidal



Voici un dialogue inhabituel dans lequel questionneur et questionné ne cessent d’interchanger leurs rôles. Conclusion de la femme comme de l’homme, la pensée dite « queer » les interpelle, mais aussi les dérange et ils en expliquent ici les raisons.


Léo Thiers-Vidal : Pour toi, est-ce que le queer se définit contre le féminisme ?

Sabine Masson : Je vois vraiment au centre du queer une nouvelle manière de rejeter les catégories binaires de sexe, de même qu’une nouvelle problématisation des sexualités qui mettent ces catégories au défi. Le queer renvoie à « un ensemble de discours et pratiques associés à la transgression des frontières de la différence des sexes et de l’hétéronormativité. […] Être queer […] c’est mélanger les genres [1] ». D’où le poids dans la théorie queer de la critique post-structuraliste du concept de genre contre sa tendance croissante à se confondre avec « sexe » et laissant dans l’ombre les pratiques et discours du/sur le corps rompant cette correspondance [2]. Cette critique du genre rejoint celle de l’hétérosexualité : l’analyse de la masculinité et de la féminité s’est structurée autour de l’acceptation sociale de l’hétérosexualité comme la norme des relations humaines [3]. La théorie queer s’érige contre tout essentialisme des catégories, par son insistance sur l’aspect performatif des pratiques du corps et des discours revendiquant de « choisir son genre [4] ». Le queer marque donc une forte rupture avec le féminisme, puisqu’il relativise très fortement l’idée d’un vécu commun aux femmes. Une question qui me paraît trop souvent passée sous silence c’est : avec quel féminisme ou quel usage du genre le queer rompt-il ? Il s’agit le plus souvent du « féminisme académique » ou du genre « canonisé [5] », au sein d’un contexte anglo-saxon qui a intégré théoriquement et politiquement la critique féministe.

L. T.-V. : D’où vient selon toi le queer par rapport au féminisme ?

S. M. : Premièrement, je pense que la théorie queer trouve une origine dans la critique de l’oppression hétérosexuelle et dans l’histoire récente des mouvements sociaux : à travers l’alliance d’une partie des lesbiennes aux gays – suite à leur oppression/marginalisation dans le mouvement féministe – dans une lutte contre une société homo/lesbophobe et contre le contrôle du corps et de la vie des personnes homosexuelles atteintes du sida [6]. Le queer s’est élevé également contre les aspects idéologiques de l’oppression hétérosexuelle, notamment contre la perception hétéro-centrée de beaucoup des études et théories féministes. Je pense aussi que le queer est issu du contexte plus spécifiquement théorique et littéraire du post-structuralisme nord-américain, qui insiste sur la fragmentation des catégories et l’analyse des discours qui s’y rapportent. Ces courants trouvent une inspiration philosophique centrale dans l’analyse foucaldienne du discours, en ce qu’il norme et fixe les comportements (hétéro)sexuels, et produit du pouvoir. Celle-ci s’appuie sur le rejet d’une conception du pouvoir comme « opposition binaire et globale entre les dominateurs et les dominés [7] » et incite à « l’autocritique des identités et discours que nous adoptons comme partie de nos luttes [8] ». Plus largement, je place le queer dans un vaste contexte idéologique marqué par le rejet de l’analyse en termes de rapports sociaux et qui présuppose la fin de la modernité, des classes, des utopies, du travail, et maintenant : du genre ! Ce n’est pas un hasard si le queer se distingue des études gays et lesbiennes et des « politiques de l’identité », qui ont mis l’accent depuis le début des années soixante-dix sur la défense des droits des homosexuel-le-s, et passe à l’analyse du langage et des discours qui produisent un savoir et des pratiques autour du sexe [9].

S. M. : De la pensée féministe radicale, perçue comme « anti-mec », ou du queer, laquelle te semble-t-elle pertinente pour un travail masculin sur l’oppression des femmes ?

L. T.-V. : Une des leçons principales que m’a apprise mon implication avec des féministes et lesbiennes radicales est de prendre conscience de ma position sociopolitique, spécifique et structurelle d’homme hétérosexuel et de ses implications psychologiques, épistémologiques, sociopolitiques incontournables [10]. Mon éducation participative à la domination masculine me permet d’avoir une perception et action misogyne, des outils de dominant, et une place matérielle privilégiée. Mon éducation vers et assimilation de l’hétérosexualité/socialité ont parachevé cette position sociale de dominant. Le féminisme matérialiste fonctionne entre autres comme un miroir reflétant ma position matérielle de privilégié, m’ouvrant les yeux et les tripes sur le vécu lié aux positions subordonnées selon l’axe de genre puis de race, de classe… Il fournit des outils d’analyse et de lutte concrets, applicables immédiatement dans mon vécu des rapports sociaux de genre et dont l’efficacité m’est confirmée jour après jour. Sans ce matérialisme, il me semble impossible d’agir avec pertinence contre l’oppression des femmes par les hommes. La pensée queer par contre ne me renvoie pas vers une position privilégiée mais incite par l’accent qu’elle met sur la performativité, la sexualité, le discursif, à se croire indépendant des structures sociales. Comme si je pouvais aller vers où bon me semblait, et que quasi toute transgression de l’ordre symbolique hétéronormatif était politiquement pertinente. Comme si nous étions tou-te-s des atomes libres survolant genre, hétérosexualité et oppression des femmes par les hommes. Ça ne risque pas trop de faire comprendre aux hommes que c’est plutôt une restriction de notre pouvoir et marge de manœuvre qui serait nécessaire…

Ce qui m’inquiète sérieusement, c’est de voir réapparaître une revendication masculine « pro-féministe » se servant de la critique queer du sujet « femmes » pour minimaliser ou rejeter la notion de groupe social « hommes [11] », donc de l’oppression genrée. La volonté de démontrer l’existence de plusieurs axes oppressifs et la nécessité de les penser simultanément se transforment ici en négation d’une homogénéité des hommes bien matérielle et réelle vis-à-vis des femmes : violences, appropriation et exploitation hétérosexuelle/sociale, exploitation domestique, androcentrisme épistémique… Cette négation politique (qu’on avait déjà connue dans sa version marxiste pointant du doigt les fameuses femmes bourgeoises [12]) est renforcée par l’accent quasi exclusif mis par la pensée queer sur les registres d’analyse discursive, littéraire ou identitaire qui me laissent une impression de légèreté, de jeu. Où sont donc passés les fondements du féminisme ? Un jeune homme découvrant les enjeux sexe/sexualité/genre à travers une grille de lecture queer ne risque pas, à mon avis, de prendre conscience de la violence brute, fondamentale et omniprésente qu’infligent les hommes aux femmes à travers le monde. Il ne risque pas non plus de comprendre en quoi la mixité de genre est un lieu de violence permanente pour les femmes, d’où l’illusion de pouvoir participer de plain-pied aux luttes et études féministes et non depuis une position sociale et un point de vue problématiques, de dominant.

L. T.-V. : Que t’apporte le queer en tant que féministe radicale ?

S. M. : Le principal apport de la pensée queer au féminisme, à mes yeux, c’est qu’elle critique l’invisibilisation de la (hétéro)sexualité et la reproblématise. Si les théories féministes radicales ont souvent mis en évidence les liens entre l’appropriation/exploitation des femmes et la contrainte à l’hétérosexualité, il n’empêche que peu ont théorisé l’hétérosexualité comme système d’organisation sociale indétachable de l’analyse du patriarcat. Le féminisme, même radical, laisse ainsi globalement intact l’« imaginaire hétérosexuel [13] », notamment dans certaines études sur la division sexuelle du travail [14]. D’un point de vue matérialiste justement, cette manière de penser le genre – et non pas l’« hétérogenre [15] » – sans penser la sexualité, épargne trop l’idéologie et le pouvoir liés à la norme hétérosexuelle. En ce sens, je trouve le queer potentiellement inspirant sur la question de l’articulation des axes de pouvoir. Un autre aspect qui m’a stimulée dans la pensée queer, c’est qu’elle rend attentive à « l’essentialisation toujours possible » des concepts, notamment celui de genre. Est-ce seulement parce que le mot s’y prête bien ou plutôt parce que tout concept est menacé par ce type de glissement ? Je penche pour la seconde solution. Cette critique peut donc nous servir pour traquer les distorsions et détournements de nos propres concepts. Cela recoupe une réflexion toujours utile sur la question de l’institutionnalisation du féminisme et des études genre, et sur ses biais idéologiques éventuels.

S. M. : La critique queer des politiques identitaires t’inspire-t-elle des pistes pour la question de l’identité masculine ?

L. T.-V. : Il me semble que la pensée queer et la pensée féministe matérialiste s’accordent jusqu’à un certain point sur la question sexe/genre : ni l’un ni l’autre ne sont simplement naturels, évidents, hors du champ politique et social. Si elles peuvent s’accorder sur le fait que le sexe « biologique » est une production politique permettant l’oppression des femmes à travers la hiérarchie hétérosociale/sexuelle, et que le genre n’est rien d’autre qu’une construction sociale donc transformable, elles ne semblent pas s’accorder sur les objectifs politiques de cette transformation. La pensée queer me rappelle les analyses en termes de rôles sociaux de sexe : si elle a abandonné la notion de fondement biologique, elle oblitère de façon comparable la question du pouvoir, de la hiérarchie [16] et des intérêts sociaux qui motivent l’adoption d’une identité dominante [17]. Ce n’est, par exemple, pas tant la binarité de genre qui me révolte que le fait qu’elle résulte d’actes oppressifs et s’inscrit dans un continuum de violence. À mes yeux, l’identité masculine n’est rien d’autre que la forme humaine spécifique que prend l’oppression actuelle des femmes par les hommes d’où ma relative absence d’intérêt pour une « transgression ou resignification » de l’identité masculine. Autrement dit, cela ne m’intéresse pas de voir multiplier différentes masculinités puisque celles-ci n’exprimeront que différentes façons d’exploiter et d’opprimer les femmes. Oppression sauce macho, gay, transgenre, genderfuck, vanille-S/M… ? Non merci !

Ainsi, du côté des hommes, la prise de conscience de la position sociale oppressive aboutit souvent à revendiquer une autre masculinité. Il me semble pourtant que nous avons (à l’opposé des groupes sociaux opprimés pour lesquels la revendication identitaire reste une question de survie) à faire un chemin vers le refus d’identité genrée donc l’abolition de l’identité masculine. Cette abolition ne peut d’ailleurs que passer par la mise en place d’autres rapports sociaux abolissant progressivement le genre et créant de nouveaux ingrédients relationnels humains. L’utopie du non-genre me semble d’ailleurs bien plus radicale que la création de nouvelles recettes « post-identitaires », à l’aide d’ingrédients entièrement marqués et structurés par l’oppression des femmes par les hommes.

L. T.-V. : De ton côté, comment formules-tu une critique féministe matérialiste à la théorie queer ?

S. M. : Ce qui me dérange le plus c’est que j’y vois la disparition de la question de l’oppression (genre, race, classe) et des rapports sociaux. La fluidité, voire l’irréalité du genre, et la possible dissolution des identités par la performativité visualisent le changement à partir d’actes individuels contre-culturels [18]. La critique matérialiste me paraît essentielle sur ce point : l’effet d’un détournement ou d’une réapproriation des catégories demeure limité par son contexte social et historique. Ce dernier disparaît justement de la rhétorique queer, pourtant clairement allusive à un environnement urbain nord-américain. Après un an de travail de terrain avec des femmes indiennes au Mexique, je ressens un réel malaise devant le décalage béant entre la lutte de ces femmes pour des droits fondamentaux et l’interprétation des pratiques S/M comme la fin du genre ! L’immense entrée « queer » met à plat les relations de pouvoir et les constructions divergentes de l’identité sexuelle en fonction de la race ou du genre [19]. À rejeter toute référence aux catégories et groupes sociaux, à mettre l’accent sur leur hétérogénéité et l’impossibilité de généraliser, elle entretient aussi un mythe du point de vue de « nulle part [20] » qui contribue à l’invisibilisation du pouvoir. Un autre aspect que je reproche au queer, c’est qu’il fait l’impasse sur les apports du féminisme radical et du lesbianisme radical. La déconnexion entre sexe et genre est déjà au cœur de l’analyse matérialiste du patriarcat et nous permet de penser la variété des associations ou détournements possibles entre sexe et genre. Quant au lesbianisme radical [21], sa critique de l’hétérosexualité comme système fondamentalement interdépendant du patriarcat lui vaut une double marginalisation : dans le queer et dans le féminisme.

S. M. : La critique queer de l’hétéronormativité t’interpelle-t-elle en tant qu’hétérosexuel ?

L. T.-V. : De nouveau, c’est encore auprès des lesbiennes radicales que je continue de puiser le plus de confrontation théorique et politique. Aussi, mon travail consiste avant tout à aménager avec les femmes les relations intimes, concrètes de telle façon que l’asymétrie de pouvoir soit amoindrie, par exemple à travers la non-cohabitation (renforçant la prise en charge symétrique du travail domestique, le non-envahissement de l’espace personnel des femmes, le choix explicite des rencontres), mais également la non-monogamie (coupant court à l’appropriation exclusive, renforçant l’indépendance affective et les alternatives relationnelles pour les femmes). Mais le lesbianisme comme stratégie politique pour l’abolition des genres exige bien plus que cet aménagement « éclairé » de l’hétérosexualité : la fin des relations hétérosexuelles en tant que telles. Or, à ce niveau, il est clair que je n’ai pas (encore ?) accepté de perdre certains privilèges en termes d’accès affectif, social et sexuel aux femmes. Mais c’est bien en ces termes politiques précis que je continue de me formuler les enjeux sexe/sexualité/genre et que la malléabilité politique des différents registres humains m’importe : l’homosexualité m’intéresse dans la mesure où elle représente une alternative à une sphère cruciale de l’oppression des femmes. Quant aux questions liées à la non-monogamie, la bisexualité, la S/M ou le travail sexuel [22], elles m’intéressent non pas en tant que « transgressions ou resignifications post-identitaires » mais comme des possibles outils de déconstruction de l’oppression des femmes dans ses dimensions sexuelles/relationnelles. Et bien que la sexualité soit un des lieux cruciaux de l’oppression des femmes, il ne faudrait pas oublier que l’oppression des femmes par les hommes est loin de se limiter à ce champ du vécu humain…

S. M. et L. T.-V. : Pour résumer, si la pensée queer nous interpelle dans sa remise en cause de l’hétéronormativité, elle nous dérange dans la mesure où :

1. Elle déconnecte genre de sexe, mais néglige le fait que le genre est un système politique d’organisation des humains en oppresseurs et opprimées.

2. Elle traite la dimension discursive de l’hétéronormativité comme fondamentale, et non ses structures sociales hiérarchiques.

3. Elle sur-visibilise la dimension sexuelle au détriment d’autres dimensions comme la division genrée du travail, l’exploitation domestique, etc., ainsi que les autres axes d’oppression de race, de classe, de continent…

4. Elle manque fondamentalement d’utopie radicale et accentue avant tout des modes d’action individuels au détriment de modes d’action collectifs en vue de l’abolition du genre.



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NOTES


[*] Respectivement doctorante en sociologie et doctorant en philosophie politique.


[1] C. Saint-Hilaire, « Crise et mutation du dispositif de la différence des sexes : regard sociologique sur l’éclatement de la catégorie sexe », in D. Lamoureux, Les limites de l’identité sexuelle, Les Éditions du Remue-Ménage, Montréal, 1998, p. 24.



[2] J. Scott, « The milllenium phantasy », Symposium der Hans-Sigrist-Stiftung an der Universität Bern : « Gender, History and Modernitiy », 1999.


[3] J. Butler, Gender Trouble. Feminism and the subversion of identity, Routledge, New York, 1999. R. Dunphy, Sexual Politics. An introduction, Edinburgh university press, 2000.


[4] C. Saint Hilaire, « Le paradoxe de l’identité et le devenir-queer du sujet : de nouveaux enjeux pour la sociologie des rapports sociaux de sexe », Recherches sociologiques, 1999/3, p. 58.


[5] C. Ingraham, « The heterosexual Imaginary : Feminist Sociology and Theories of Gender », in S. Seidman (eds), Queer Theory/Sociology, Blackwell, Oxford, 1996.


[6] Voir notamment D. Halperin, Saint Foucault, Oxford university press, New York-Oxford, 1995 ; R. Dunphy, Sexual Politics…, op. cit.


[7] M. Foucault, La volonté de savoir (Histoire de la sexualité), Gallimard, 1976, p. 124.


[8] Sawicki, in R. Dunphy, Sexual Politics…, op. cit., p. 26.

[9] S. Seidman (eds), Queer Theory…, op. cit.


[10] L. Thiers-Vidal, Rapports sociaux de sexe et pouvoir. Une comparaison des analyses féministes radicales avec des analyses masculines engagées, mémoire de DEA Femmes/Genre, Genève/Lausanne, 2001.


[11] D. Welzer-Lang, Et les hommes ? Étudier les hommes pour comprendre les changements des rapports sociaux de sexe, dossier d’habilitation, Toulouse, 1999.


[12] C. Delphy, Penser le genre, tome 1, Syllepse, 1998.


[13] C. Ingraham, « The heterosexual Imaginary… », art. cit., p. 168.


[14] Notamment chez D. Smith, The Everyday World as problematic, Northeastern university press, Boston, 1987.


[15] C. Ingraham, « The heterosexual Imaginary… », art. cit., p. 167.


[16] S. Jackson, « Théoriser le genre : l’héritage de Beauvoir », Nouvelles questions féministes, vol. 20, n° 4, 1999.


[17] Voir R. W. Connell, Gender and power, Polity press, Cambridge, 1987.

[18] E. Glick, « Sex positive : feminism, queer theory, and the politics od transgression », Feminist review, n° 64, spring 2000 ; R. Dunphy, Sexual Politics…, op. cit.


[19] D. Halperin, Saint Foucault, op. cit. ; T. de Lauretis, « Queer Theory : lesbian and gays sexualities. An Introduction », Differences, vol. 3, n° 2, 1991.


[20] S. Bordo, « Feminism, Postmodernism, and gender-scepticism », in L. J. Nicholson, Feminism/postmodernism, Routledge, New York, 1990, p. 140.


[21] Voir notamment M. Wittig, The Straight Mind and Other Essays, Beacon press, Boston, 1992.


[22] C. Monnet et alii, Au-delà du personnel. Pour une transformation politique du personnel, ACL, Lyon, 1998 ; G. Pheterson, Le prisme de la prostitution, L’Harmattan, 2001.

Source : http://1libertaire.free.fr/LeoThiersVidal12.html

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28 octobre 2006 6 28 /10 /octobre /2006 01:00
CHAT Nouvel Obs avec Clémentine Autain
La présidentielle 2007.

Lundi 23 octobre 2006 de 16h30 à 18h45

Avec Clémentine Autain, adjointe apparentée PCF au maire de Paris, candidate possible de la gauche antilibérale à l’élection présidentielle

-Question de : John

Que symbolisent ces deux cerises rouges sur votre blog ? Pourquoi détournez vous ostensiblement la tête quand vous me distribuez des tracts devant le marché des Batignolles ? Bonne journeé

- Réponse : Les Cerises font référence à la chanson engagée "Le temps des Cerises". Et puis elles sont rouges et vertes, des couleurs que j’aime beaucoup politiquement. Promis, je vous tendrai les bras ostensiblement lors de ma prochaine distribution de tract aux Batignolles ! Prenez Regards sous le bras, je vous reconnaîtrai... Bonne journée

-Question de : Internaute

A force de prôner des politiques foncièrement antilibérales ne craignez-vous pas en cas de triomphe en France de ces idées la fuite de capitaux et des entreprises importantes en dehors de la France en faisant finalement le jeu de la misère et de la pauvreté?

-Réponse : Ce qui fait le jeu de la misère et de la pauvreté, c’est la profonde inégale répartition des richesses. Or, la recherche de la rentabilité à court terme et la détériration du rapport capital/travail ne font qu’accroître les disparités socio-économiques. Le monde que nous voulons est celui qui arrêtera de mettre en concurrence les individus et les peuples. Cela suppose de s’affronter à la loi du profit et de mettre la solidarité au coeur du projet économique. Par ailleurs, il ne faut pas opposer les mesures de justice sociale avec les performances économiques. Ce qu’il faut repenser, ce sont les critères d’une économie en bonne santé. Ce qui m’intéresse, ce n’est pas l’indice des entreprises du CAC 40 mais la juste répartition de la plus-value entre les salariés et la valorisation des activités socialement utiles. Le point de départ pour les anti-libéraux, c’est de refuser le cadre imposé. C’est possible.

-Question de : Internaute

Bonjour. Bien que personnellement favorable au "mouvement gauche antilibéralé, je me demande comment vous pourrez vous entendre pour une candidature unique avec la LCR, les verts au vue de l’histoire de chaque parti et de leurs divergences et qu’un président a toujours plus de pouvoir et d’aura que n’importe quel parti ?

-Réponse : Je mesure les difficultés pour rassembler des traditions politiques qui se sont parfois combattues. Mais il faut partir des urgences sociales et savoir mettre de côté les logiques strictement boutiquières et les egos. Le 29 mai, c’est tous ensemble que nous avons gagné. En 2007, divisés, nous risquons d’être atomisés et de jouer à celui qui jouera le meilleur second rôle à côté du PS. Rassemblés, nous pouvons déjouer le bi-partisme, produire de la dynamique politique, redonner de l’espoir aux jeunes et aux classes populaires. C’est pourquoi nous avons le devoir de réussir.

-Question de : Internaute

Etes-vous candidate ?

- Réponse : Je milite activement dans les collectifs pour des candidatures anti-libérales en 2007, rassemblant les communistes, écolos de gauche, militants de la LCR, altermondialistes, féministes, républicains de gauche, citoyens engagés, etc. Nous voulons porter ensemble une autre voie à gauche, dans une campagne très collective et populaire. Nous avons déjà adopté un texte ambition/stratégie et nous nous sommes dotés de 119 propositions, le week-end dernier. A consulter sur www.alternativeunitaire2007.org Dans ce cadre, j’ai effectivement proposé ma candidature. Nous recherchons celui ou celle qui permettra le consensus le plus large. La clé de notre réussite réside en effet dans l’arc de notre rassemblement. Mon parcours politique m’a ouverte aux différentes sensibilités qui composent notre espace commun. D’autres candidatures sont en discussion : José Bové, Marie-George Buffet, Yves Salesse et Patrick Braouezec. Ce que je souhaite par dessus tout, c’est que nous fassions ensemble campagne parce que j’ai la conviction que nous sommes la seule alternative crédible à Nicolas Sarkozy et les seuls à même de proposer une perspective de transformation sociale, notamment pour les classes populaires.

-Question de : Internaute

Seriez-vous prête à représenter la gauche antilibérale en 2007 ?

-Réponse : Oui !

-Question de : Internaute

Bonjour. Apparentée PC, adjointe d’un maire PS qui ne brille pas par son côté social, comment pouvez-vous imaginer être la "représentante" d’une gauche antilibérale sans compromission avec le social-libéralisme?

-Réponse : Si le préalable au rassemblement des forces anti-libérales, c’est de demander à tous les élus communistes, verts et socialistes anti-libéraux de quitter leurs mandats dans des éxécutifs locaux où sont présents des socialistes appartenant à la majorité du PS, autant dire qu’on arrête tout de suite ! D’ailleurs, à Cachan par exemple, nous étions bien contents de pouvoir nous appuyer sur le conseil général, et en particulier Christian Favier, et sur des maires bien à gauche. Sans eux, la lutte aurait été autrement plus compliquée. Surtout, si nous parvenons à l’unité, il sera toujours temps de savoir que faire aux élections locales suivantes. Mais mesurons que les bases potentielles d’accords avec le PS ne sont pas les mêmes suivant les échelons (local, national, européen).

-Question de : Internaute

Clémentine, que peut-on attendre de la gauche si S. Royal est élue au château en 2007?

-Réponse : J’avoue que je suis inquiète des positionnements de Ségolène Royal. Evidemment, le problème principal est le projet adopté par la majorité du PS qui n’entend par rompre avec les politiques menées depuis vingt-cinq ans. Pour autant, Ségolène Royal est probablement celle qui en fait la lecture la plus droitière. Oeillades à Blair, remise en cause de la carte scolaire, jeunes délinquants envoyés dans le cadre militaires, positions réacs sur la famille... c’est peu de dire que le compte à gauche n’y est pas ! Je ne comprends pas pourquoi ses "camarades" l’ont attaquée sur le fait qu’elle soit une femme, pas à la hauteur, etc. Le problème, c’est ce qu’elle souhaite faire du PS : le blairiser ! Et je ne me réjouis pas de cette direction prise par le PS...

-Question de : Internaute

Clémentine, que fais-tu si Besancenot et Buffet se présentent aux présidentielles sous leur propre parti ? Abandonnes-tu l’idée d’une candidature antilibérale qui du coup ne serait plus unitaire ou te lances-tu quand même pour que ceux engagés dans les collectifs aient quelqu’un pour qui voter...

-Réponse : Je ne serais évidemment pas candidate si Olivier et Marie-George vont à l’élection chacun pour leur propre couleur ! Je souhaite que nous fassions campagne ensemble.

-Question de : alain69

Je vous observe à la télé, je reconnais votre compétence vos analyses et au final je suis abassourdi ! J’ai 60ans, j’ai parcouru l’europe et, comment en 2006 peut-on être communiste ? Je conçois que l’on soit idéaliste d’extrême gauche ou socialiste réaliste mais le PCF c’est le comble du ringard.

-Réponse : Petite précision : je ne suis pas membre du PCF. Pour autant, je crois que les valeurs portées par les militant-e-s communistes ne sont malheureusement pas ringardes ! Lutter contre la logique capitaliste, c’est d’une actualité brûlante. Chaque jour, les Français peuvent en témoigner. Quand les grandes entreprises font des profits faramineux, le pouvoir d’achat des salariés est en berne. Pendant que des grands patrons gagnent jusqu’à 366 fois le SMIC, la courbe du nombre de RMistes ne cessent d’augmenter. Quand GDF est privatisée alors que l’entreprise fait des bénéfices, notre planète ne cesse d’être mise en péril. Bref ! Promouvoir une société fondée sur la justice sociale et la solidarité, sur la mise en commun et non le "chacun pour soi", c’est d’une modernité absolue. Partager les richesses, les pouvoirs, les savoirs et les temps : voilà mon utopie. Je ne sais pas exactement comment ça s’appelle, mais ça a à voir avec ce que portent les communistes.

-Question de : Internaute

Quelle est votre motivation première dans votre combat politique ?

-Réponse : Très jolie question. Le moteur de l’engagement est toujours très personnel, il puise dans l’intime. Mais il a une vocation universelle. Chaque jour, au coin de ma rue, à la télé, dans les journaux, je trouve des motivations nouvelles, parce que notre société marche sur la tête. Des violences faites aux femmes aux délocalisations, en passant par le réchauffement de la planète : je ne manque pas de motivation pour agir. J’ai une envie irrépressible de participer à remettre à l’endroit ce que le libéralisme met à l’envers. Je suis profondément révoltée contre toutes les formes de domination et d’exploitation. Et je pense que l’action collective est la seule réponse possible pour changer les choses. Je suis convaincue que la politique peut et doit modifier en profondeur la donne.

-Question de : Curieux

Laurent Joffrin parle de vous (en bien) dans son blog mais explique en même temps qu’il n’écrit pas la même chose dans l’Obs parce que d’autres rédacteurs ne sont pas d’accord. Quel effet cela vous fait-il ?

-Réponse : Je ne savais pas... Voire...

-Question de :

Le bruit a courru que vous étiez gay. Puis vous avez fait un coming out hétéro. Alors, vous êtes homo ou hétéro ?

-Réponse : Je n’ai jamais été gay.. lesbienne, j’entends. Gay vraiment jamais ! Je suis une femme !!!

-Question de : Internaute

Bonjour - Tout d’abord, que pensez-vous de la politique actuelle de lutte contre l’exclusion. Sinon, que feriez-vous et surtout, que proposeriez-vous ? Pensez-vous que le déséquilibre des territoires (le rural / urbain) avec comme conséquence la concentration de la misère dans les grandes villes (ce qui arrange beaucoup les maires, surtout ceux de droite...) favorise le développement d’une nouvelle "grande exclusion" qui, de fait, n’échappera pas aux futurs canditats (récupération) ? Gilbert - Saint-Flour - Cantal

-Réponse : Ah bon ? Il y a une politique actuelle de lutte contre l’exclusion ? Ca m’avait échappé... Un exemple : l’Etat doit 130 millions d’euros à la Seine-Saint-Denis, dont 48 pour le RMI. Nous proposons de changer radicalement la répartition des richesses dans notre pays. C’est le seul moyen de lutter en profondeur contre la pauvreté et les inégalités. Cela implique aussi une autre politique du logement (arrêt des expulsions, application de la loi de réquisition, constructionde 600.000 logements sociaux sur une législature, interdiction de la vente à la découpe, taxation de la spéculation immobilière) avec un objectif majeur : que les charges liées au logement n’excèdent pas 20% des revenus des familles. Et une autre péréquation des moyens entre les territoires et le développement des services publics (et non leur disparition progressive !). Enfin, l’enjeu scolaire doit également constituer une priorité, en partant avant tout du point de vue des vaincus du système. Combattre l’exclusion, c’est aussi garantir le droit à la santé... Le chantier est très vaste mais des marges de manoeuvres existent pour arrêter ce creusement des inégalités. Il y a urgence. Les chiffres de la précarité font froid dans le dos. Juste un : la France compte 7 millions de travailleurs pauvres !

-Question de : Fred007

Slt Clémentine, Nous ne sommes pas du même bord (je suis centre gauche), mais en tant que jeune, je voulais te féliciter du travail accompli a Paris dans ta déléguation à la Jeunesse. La parole a été redonnée a la Jeunesse, et c’est un 1er pas vers la citoyenneté, l’engagement associatif voire politique. Je regrette que cette tribune soit utilisée à des fins politiques par certains, mais c’est le risque de la participation démocratique. Je suis ensuite ravi d’une candidature féminine de plus. Justement, au sujet de cette candidature, penses-tu qu’une candidature antilibérale soit la réponse pour LA jeunesse dans son ensemble, ou pour UNE jeunesse? Penses-tu possible le fait que l’on puisse imaginer un mouvement de jeunesse qui rassemble différentes sensibilités, mais autour d’une idée commune : redonner goût à la citoyenneté, et se donner les moyens de venir en masse pour voter et éjecter la classe politique que l’on a aujourd’hui ? Nous pourrions ainsi rebatir sur de nouvelles bases, hors des clivages, et répondre précisement à la demande politique de la Jeunesse : faire de la politique autrement.

-Réponse : Je souhaite que davantage de jeunes puissent être partie prenante de la dynamique pour des candidatures unitaires anti-libérales. D’ailleurs, un appel de jeunes y invite. Les révoltes dans les banlieues et la mobilisation contre le CPE a montré les fortes apsirations au changement et les capacités de résistances dans la jeunesse. Impensable de faire sans elle.

-Question de : Internaute

Quel est le programme économique de l’extrême-gauche ? Les incantations et les appels à l’utopie, c’est bien joli, mais ce n’est justement pas comme ça qu’on améliore la vie quotidienne des citoyens. Il n’est pas sérieux de vouloir tout résumer à un seul mot "antilibéralisme" : mais il est vrai qu’aucun des dirigeants actuels de l’extrême gauche n’est concerné par la recherche d’emploi, la précarité, ou les difficultés familiales : un adjoint à la mairie de Paris gagne bien 4500 euros nets par mois ?

-Réponse : Correctif : les adjoint-e-s au maire de Paris gagnent plutôt 3.000 euros mensuels, ce qui est déjà franchement pas mal... Même si je ne vis pas aujourd’hui dans la précarité, cela ne m’empêche pas de porter des propositions pour lutter contre ! De la même manière, je ne subis pas le racisme mais je porte des propositions pour lutter contre. Et je n’empêche aucun homme de combattre le sexisme au motif qu’il ne le vit pas ! Les politiques portent un projet global qui doit répondre à toutes les situations et urgences, et pas seulement à ce que nous aurions personnellement vécus. Ceci dit, la très forte homogénéité sociale du personnel politique est un handicap pour penser ces transformations nécessaires. Pour notre programme économique, je renvoie là sur notre site collectif : www.nbsp;;alternativeunitaire.org

-Question de : mimi

J’ai un slogan pour votre (future) campagne : Et si la France nous allait bien Autain ! Qu’en pensez-vous ?

-Réponse : No limite pour l’imagination...

-Question de : guillaumeLeblond

Bonjour, Ne pensez-vous pas que toute la gauche doit se rassembler d’un seul bloc pour battre la droite en 2007? et non se diviser comme en 2002 où la gauche n’a même pas accéder au second tour.

-Réponse : Non, je ne le crois pas. Battre la droite est un objectif commun de toute la gauche mais cela ne peut pas tenir lieu de projet politique. Or, je suis convaincue que seule une gauche résolument anti-libérale, féministe, écolo, porteuse de ruptures, peut battre durablement Sarkozy, qui incarne une droite très dure (voir ma tribune dans Libération de ce jour). Si toute la gauche se rassemble autour de ce projet, d’accord pour y aller tous ensemble ! Les échecs de la gauche au pouvoir pèsent très lourd. Le meilleur moyen de gagner, c’est que la gauche soit porteuse d’espoir, qu’elle ait pris la mesure du 21 avril, du 29 mai, des révoltes dans les banlieues, des mobilisations contre le CPE. Bref ! Qu’elle se recentre sur ses fondamentaux, qu’elle prenne la mesure de ses erreurs passées, qu’elle soit porteuse d’idées neuves.

-Question de : Internaute

Je participe ce soir à une réunion du collectif antilibéral dans mon quartier. Nous devons discuter des candidatures pour la présidentielle. Désolé, mais vu le nombre de questions auxquelles vous refusez de répondre, je ne vois pas l’intérêt de votre candidature?

-Réponse : Je fais ce que je peux... A laquelle voulez-vous que je réponde d’urgence ? Sinon, on peut continuer à échanger par le biais de mon blog : www.clementineautain.fr

-Question de : Internaute

Le conseil général du Val-de-Marne est présidé par le PC, pas par les sociaux-libéraux.

-Réponse : Evidemment ! C’est bien pour cela que nous sommes contents d’avoir des élus... Dans la majorité du Conseil général, il y a aussi des socialistes, certes minoritaires...

-Question de : gilbert

Quelle serait votre première décision si vous étiez élue ?

-Réponse : Deux registres simultanément : - la mise en place d’une série de mesures d’urgence, de la hausse du SMIC et des minima sociaux à un "Grenelle des quartiers populaires", en passant par l’abrogation de toutes les loi anti-sociales (je les cite pas, il y en a trop...) ; - le lancement d’un processus constituant pour une VIe République. Peut-être que je renationaliserai TF1 aussi, faut voir...

-Question de : Gilbert

Pensez-vous qu’il faut considérer "l’électeur" comme un client ?

-Réponse : Sûrement pas. Les citoyens ne consituent pas des parts de marchés à conquérir. En outre, ils doivent être des acteurs à part entière du changement.

-Question de : Internaute

Comment espérez-vous convaincre Olivier Besancenot de renoncer à sa candidature en solitaire pour rejoindre l’équipe de campagne unitaire?

-Réponse : Par la dynamique unitaire qui fait qu’il sera plus fort avec nous que tout seul. Surtout, je pense qu’il est attaché à trouver les moyens de donner l’écho le plus large à la gauche anti-libérale... je fais le pari qu’il nous rejoindra ! Je dois m’en aller. Promis, je reviendrai. Merci beaucoup pour toutes vos questions. Sur les 171 posées, je n’ai malheureusement pas pu répondre à toutes. On peut continuer l’échange sur mon blog : www.clementineautain.fr A tout bientôt ! Clémentine Autain

-Question de : Gilbert Y a t-il des conditions pour "porter" à vos cotés le programme de la gauche antilibérale ?


-Réponse : Aucune. Toutes les bonnes volontés sont les bienvenues !

-Question de : Internaute

José Bové a été très bon hier soir sur France 3. Qu’apporte votre candidature, que la sienne n’aurait pas?

-Réponse : Je ne me situe pas en concurrence avec José, au sens où nous cherchons quelqu’un qui puisse permettre le rassemblement le plus large. Si José permettait ce large consensus, je serai à ses côtés, avec tout mon enthousiasme et mon énergie. Cerains dans nos collectifs objectent à la candidature de José qu’il représente l’une des sensibilités - alter, écolo - et qu’à ce titre, son profil ne permet pas à tout le monde de s’y retrouver. Dès lors, on peut imaginer qu’une personnalité politique nouvelle, ce n’est pas absurde pour incarner une offre politique nouvelle...

-Question de : Internaute

Le Non au référendum n’était-il pas autant un Non protectionniste, voire nationaliste et xénophbe qu’antilibéral ? Après tout c’est aussi la victoire de l’extrême droite...

-Réponse : Non, vraiment pas. Notre non de gauche n’était pas un rejet de l’Europe mais bien au contraire une volonté de réorienter sa construction. C’est parce que nous aimons l’Europe que nous lui voulons un autre horizon que celui des marchés...

-Question de : Internaute

Entre le PCF et les écologistes de gauche, il existe d’importantes divergences, notamment sur le nucléaire. Comment pensez-vous les surmonter?

-Réponse : Je suis profondément convaincue que nous sommes riches de nos diversités. Par ailleurs, ce qui nous rassemble est supérieur à ce qui nous divise. Sur le nucléaire, les collectifs ont travaillé d’arrcache pied. Si tout n’est pas réglé et que ce point est l’objet de débats vifs, je crois que nous disposons d’un socle commun qu’il nous faut pas sous-estimer. Ensemble, nous disons : - Maîtrise publique de l’énergie à 100% ; - Urgence absolue pour inciter à des changements radicaux en matière de consommation d’énergie car il en va de la survie de la planète ; - Diversification des sources d’énergie et mettre le paquet sur la recherche ; - Sûreté des installations ; - Indépendance énergétique.

-Question de : Internaute

<> Et les médias contrôlés par Dassault, Lagardère, etc.?

- Réponse : Effectivement, les collusions sont graves. Nous devons penser les moyens d’avoir une presse libre en France.

-Question de : Gilbert

Pensez-vous qu’il n’y a que dans les "banlieues" que la misère et la précarité se développent ? Au moins, "eux", ils se battent encore ...

-Réponse : Sûrement pas. Dans les centres villes, évidemment, la misère est très présente, de plus en plus. Les milieux ruraux subissent également de plein fouet les méfaits du libéralisme.

-Question de : Internaute

Comment financer votre programme, très généreux et donc très coûteux ?

-Réponse : Des marges de manoeuvre existent en France. D’abord, 10 points de PIB sont passés en vingt ans directement de la poche des salariés à celle des actionnaires. C’est cette pente libérale de la répartition de la plus-value qu’il faut remettre en cause. L’outil fiscal, les politiques de crédit et la loi doivent être mobilisés en faveur d’une toute autre répartition des richesses. Nous avons commencé ce travail de chiffrage. Des éléments sont donnés ur le site de l’alternative unitaire et vous pouvez également lire le petit ouvrage fort instructif de la Fondation Copernic sur les politiques alternaties (il vient de sortir chez Syllepse).

-Question de : Internaute

Quel score espérez-vous atteindre?

-Réponse : Nous travaillons pour être majoritaire à gauche et dans le pays. Le plus vite sera le mieux. A cet égard, le précédent de la campagne référendaire nous rend optimistes.

-Question de : Internaute

Clémentine, c’est pas une question que je te pose mais un bon courage ! Moi militant socialiste, j’ai très peur du péril Royaliste qui va faire imploser le parti, je ne suis pas le seul à le penser et si c’est toi tu peux compter sur nous (quand je dit toi, c’est ma préférence mais j’ai bien compris l’idée du collectif ;) ) Cependant, ton pouvoir préseidentiel, tu le vois comment?

-Réponse : Partagé ! D’abord, nous voulons remettre en cause le présidentialisme et promouvoir une démocratie sociale. Le partage du pouvoir est une pierre angulaire de notre projet. C’est sur ce point que les expériences dites socialistes ont gravement échoué. Nous devons en tirer toutes les leçons.

-Question de : Internaute

Beaucoup d’universitaires ayant acquis leurs diplômes hors union europeenne (qu’ils soient français ou ayants gardés leur nationalité d’origine ) sont exploités d’une manière indigne alors que la majorité a validés l’equivalence de leurs titres et diplômes et leur compétences sont sont reconnues... que proposez vous pour y remédier?

-Réponse : Je propose l’égalité ! Toutes les discriminations doivent être combattues. Nous voulons également que les emplois actuellement fermés aux étrangers mais ouverts aux résidents communautaires cessent de l’être. Il est important qu’en matière de discrimination, l’Etat montre l’exemple.

-Question de : Internaute

Bonjour, séduit par vos idées, j’ai entendu dire que vous vouliez vous présenter à l’élection présidentielle. Ne vous sentez-vous pas un peu jeune? (j’ai le même âge que vous et ça me semble une responsabilité énorme).

-Réponse : Faut-il attendre 70 ans pour pouvoir prétendre exercer des responsabilités ? La classe politique vieillit, ce qui contribue à alimenter le fossé avec la société. La compétence n’est pas liée qu’à l’expérience. Les jeunes ont d’autres atouts !!!!

-Question de : Internaute

En cas d’élection de Fabius à la candidature PS (on peut toujours rêver ;-), est-il envisageable que celui-ci soit le candidat unitaire d’une gauche anti-libéral même si le personnage peut être douteux vis à vis de cette étiquette ?


-Réponse : Non. Je fais une différence entre Laurent Fabius et Royal, par exemple. Mais je ne vois pas comment Fabius pourrait incarner notre rassemblement...

-Question de : Internaute

Ne sentez-vous pas comme moi que le 1er tour des élections présidentielles 2007 va surtout être marqué à gauche par 1 vote utile pour le candidat PS? (le traumatisme du 21 avril va entraîner un sursaut) La gauche de la gauche participerait-elle alors dans un projet gouvernemental car n’a t-elle pas intérêt à faire entendre sa voix plutôt que de s’inscrire dans une logique contestataire? Que pensez-vous de la "main tendue" de Ségolène Royal vers l’extrême gauche (dans son discours de la semaine dernière) ? Julien, 21ans, Étudiant, Clermont-Ferrand

-Réponse : Le vote utile, c’est le vote pour une gauche qui change vraiment la donne ! Nous avons dit clairement que nous ne participerons pas à un gouvernement dominé par le social-libéralisme.

-Question de : Internaute

Vos idées ne sont elles pas viellies ?

-Réponse : J’aimerais bien... La critique du capitalisme comme la mise en cause de la dominaton masculine ne datent pas d’hier, effectivement. Cela n’enlève rien à leur pertinence actuelle. En outre, nous sommes porteurs de nouvelles idées. L’articulation entre l’anti-libéralisme, le féminisme et l’écologie est absolument novatrice. Je pense même que si nous arrivons à nous rassembler, nous serons la seule offre politique nouvelle en 2007.

-Question de : Internaute

La "gauche" antilibérale roule t’elle pour Sarkozy?

-Réponse : Quelle drôle d’idée ! Nous sommes au contraire opposés point par point à ce qu’il incarne : l’ultra-libéralisme en matière économique et l’autoritarisme. Nous lui opposons la solidarité, la mise en commun, le renforcement des droits attachés à la personne.

-Question de : Internaute

Allez-vous devenir l’Arlette Laguiller de demain ?

-Réponse : En aucun cas. Nous n’appartenons pas tout à fait au même espace politique ! La contestation ne me suffit pas.

Source : http://bellaciao.org/fr/article.php3?id_article=35942

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28 octobre 2006 6 28 /10 /octobre /2006 00:50
Face au libéralisme autoritaire de Sarkozy, la gauche ne doit pas lorgner vers le centre mais au contraire se radicaliser.
 
Cette droite mérite une bonne gauche
 
Par Clémentine AUTAIN
 
QUOTIDIEN : Lundi 23 octobre 2006 - 06:00
 
Clémentine Autain élue à Paris (apparentée PC), codirectrice du mensuel Regards.
     
 
Nicolas Sarkozy n'est pas un candidat de droite comme un autre. Son programme, alliage de libéralisme et d'autoritarisme, est bien loin des équilibres qui ont dominé la droite française depuis la Libération. Loin, très loin du gaullisme social et même des années Giscard. Pour battre cette droite d'un nouveau cru, il ne s'agit pas seulement de savoir où l'on place le curseur de la répartition des richesses, mais de ce que l'on veut faire de notre modèle républicain.
 
 
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Car c'est un véritable projet de société que défend Sarkozy, reposant sur l'individualisme, la jungle économique, le démantèlement des droits et des protections, la méritocratie et la mise sous surveillance de nos libertés. Tout cela est parfaitement cohérent : l'Etat se désengage de la sphère économique pour laisser le capitalisme fleurir (et détruire) et il réaffirme son autorité sur le terrain policier et judiciaire, par un renforcement du contrôle social. Tel est le pacte républicain version Sarkozy.
Le «chacun pour soi» en lieu et place du triptyque «Liberté, Egalité, Fraternité». Ne nous y trompons pas : ce discours ne s'adresse pas qu'aux privilégiés. Dans un gigantesque jeu du maillon faible, tout le monde peut trouver plus faible que soi. Patrons-ouvriers, travailleurs précaires-chômeurs, hommes-femmes, centre-périphérie, vieux-jeunes, nationaux-immigrés... Au lieu de combattre les rapports de domination, Sarkozy joue sur leurs effets pervers. Il compte attiser les peurs, opposer les exploités et mettre les individus en concurrence.
 
Face à cette vision de la société, la gauche est devant un choix. Certains nous expliquent que la seule façon de battre Sarkozy est de composer, de jouer au centre, d'adopter le profil d'une gauche «modérée». La probable candidate Ségolène Royal incarne à merveille cette option, qui la pousse à disputer au champion du libéral-populisme une part de son terrain favori. Ses positionnements actuels ­ des oeillades à Blair à la remise en cause de la carte scolaire, en passant par les recettes militaires pour les jeunes délinquants ­ laissent augurer de la suite. Or cette orientation est une impasse. Ce n'est pas en avançant sur le terrain de l'adversaire ­ l'acceptation libérale, le discours d'ordre ­ que l'on mobilisera les classes populaires. Ce n'est pas en suivant plus ou moins les recettes gestionnaires utilisées par la gauche gouvernementale depuis plus de vingt ans que l'on redonnera du sens à l'engagement à gauche. La désespérance sociale, les crises économique et démocratique sont trop grandes pour que l'on s'en tienne aux demi-mesures. L'efficacité et le réalisme ne sont pas du côté de l'adaptation mais du changement en profondeur.
 
Ce sont bien deux grandes orientations qui devraient s'affronter en 2007. Face à l'éloge du libéralisme et de la marchandisation de tout et n'importe quoi, la gauche doit opposer la mise en cause du cadre capitaliste et la quête d'un autre modèle économique, respectueux de notre environnement et résolument solidaire, rendant à César ce qui est à César (et non aux actionnaires le fruit du travail des salariés). Face à l'autoritarisme, la gauche doit opposer l'extension du socle des droits attachés à la personne et l'accroissement des libertés publiques, dans un cadre démocratique profondément remodelé ­ une VIe République née d'un processus constituant. Partager les richesses, les pouvoirs, les savoirs et les temps : tel est l'horizon à gauche. Concrètement, nous devons partir des besoins et réorienter les fonds publics vers les activités socialement utiles, mobiliser l'outil fiscal pour redistribuer les richesses entre les individus et les territoires, augmenter les bas salaires et les minima sociaux, sécuriser les parcours de travail et de vie, assurer une continuité du contrat de travail, et donc des droits, ainsi qu'un filet de sécurité en matière de revenu, consolider et étendre les services publics.
Toute autre voie est un leurre. Le social-libéralisme à la Tony Blair n'est pas le meilleur antidote au libéral-autoritarisme de Sarkozy. La globalisation n'a pas signé la fin de l'Histoire. La politique peut et doit agir. Pour quelle obscure raison les peuples ne pourraient-ils pas décider de leur vie, de leur avenir ? Des marges de manoeuvre existent en France. D'autres repères, priorités et cadres de décisions peuvent se construire à l'échelle européenne et internationale. Le discours et les propositions de la gauche doivent traduire sa vision solidaire de la société, son projet d'émancipation individuelle et collective, et disputer pied à pied tous les terrains à la droite dure.
 
La gauche antilibérale, si elle sait se rassembler en 2007, sera la meilleure parade au poison sarkozien et surtout la mieux à même d'offrir une perspective. Parce qu'elle a une boussole. Et des alternatives crédibles.
 
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27 octobre 2006 5 27 /10 /octobre /2006 12:37
 
Homosexuels : consensus sur le mariage et l'adoption
LE MONDE | 25.10.06 | 14h03  •  Mis à jour le 25.10.06 | 15h18
FAMILLE.

 

Conformément au programme du PS, Laurent Fabius, Ségolène Royal et Dominique Strauss-Kahn se sont tous trois déclarés favorables à l'ouverture du mariage et de l'adoption aux couples homosexuels. La France rejoindrait alors les cinq pays européens - la Suède, le Royaume-Uni, les Pays-Bas, la Belgique et l'Espagne - qui autorisent à la fois le mariage gay et l'homoparentalité. En France, Patrick Festy, de l'Institut national d'études démographiques, estime que l'homoparentalité concernerait de 24 000 à 40 000 enfants tandis que l'Association des parents et futurs parents gays et lesbiens juge le chiffre de 300 000 enfants "raisonnable".

Sur les prestations familiales, Dominique Strauss-Kahn s'est démarqué de ses rivaux en estimant, sans donner plus de précisions, qu'il fallait "concentrer" les aides sur les familles défavorisées.

En juin 1997, le gouvernement de Lionel Jospin avait, au nom de la justice sociale, placé les allocations familiales sous conditions de ressources avant de faire machine arrière un an plus tard en rétablissant le principe de l'universalité des allocations, quels que soient les revenus des parents, et en remplaçant cette réforme par une forte baisse du plafond du quotient familial.

 

JURYS CITOYENS.

Ségolène Royal définit ces initiatives comme des "observatoires" constitués par tirage au sort sur les listes électorales, afin de "permettre aux élus d'évaluer leur politique". Elle a pris pour exemple l'indice des prix, estimant que celui-ci ne correspond pas à la réalité des dépenses courantes.

 

Laurent Fabius écarte sans ménagement cette proposition, à qui il reproche implicitement d'"épouser une espèce de populisme qui ferait le lit de l'extrême droite". Dominique Strauss-Kahn n'approuve pas plus ces structures à ses yeux mal définies et dont il se demande si elles auront ou non un pouvoir de sanction. Il redoute alors qu'elles puissent entrer en conflit avec les instances élues. "On risque de créer un désordre", estime-t-il.

 

LE RÔLE DU PRÉSIDENT.

Aucun des trois candidats à l'investiture du PS n'a revendiqué une VIe République, tout en jugeant nécessaire un renouvellement en profondeur des institutions de la Ve. M. Strauss-Kahn souhaite un régime plus parlementaire et un président très impliqué dans l'exécutif.

 

Il insiste sur la règle du non-cumul des mandats et sur la nécessité d'"un président qui agisse et non plus qui soit simplement un arbitre". Laurent Fabius insiste aussi sur le rôle du président de la République mais, estime-t-il, celui -ci doit impulser les "décisions d'urgence sociale" et "tracer la voie du long terme".

Pour Ségolène Royal, "le président ou la présidente de la République est garant du pacte social noué pendant la campagne de l'élection présidentielle (...) et va donc demander à son gouvernement de l'appliquer dans toutes ses facettes".

 

IMMIGRATION.

Tout en affirmant chacun vouloir rompre avec la politique mené par l'actuel ministre de l'intérieur, les trois candidats socialistes se sont distingués dans leur approche de la question de l'immigration clandestine. Ségolène Royal, comme le prévoit le projet socialiste, veut restaurer la possibilité de régularisation après dix ans de séjour supprimée par la loi Sarkozy promulguée le 24 juillet dernier. Sans souhaiter aller plus loin. La favorite des sondages a tenu à rappeler qu'elle était contre toute "régularisation massive".

 

Sans donner davantage de détails, Laurent Fabius se prononce pour sa part pour une "régularisation large". Entre les deux, Dominique Strauss-Kahn choisit la "régularisation régulière", telle que l'avait introduite la loi Chevènement de 1998. Cette loi, avec la création d'une carte "vie privée et familiale", valable un an et renouvelable, ouvrait la possibilité de régulariser de plein droit, au fil de l'eau, des personnes disposant de liens personnels et familiaux en France. Dispositif qui a là encore été fortement restreint par la dernière loi Sarkozy.

Pour Dominique Strauss Kahn, réduire l'immigration clandestine suppose avant tout de lutter contre les passeurs, les employeurs et les logeurs de clandestins. Le député du Val d'Oise plaide pour la création d'un "ministre des migrations" qui échapperait à la tutelle du ministère de l'Intérieur.

Anne Chemin, Patrick Roger et Laetitia van Eeckhout
Article paru dans l'édition du 26.10.06
 
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27 octobre 2006 5 27 /10 /octobre /2006 12:18
Le New jersey, marieur de couples homosexuels
 
Le président Bush en a perdu le fil de son discours à Des Moines, où il était venu soutenir un candidat républicain aux élections parlementaires proches : il venait d’apprendre que dans l’Etat du New Jersey, l’union officielle entre homosexuels allait être instituée, la Cour suprême ayant décidé que ces couples devaient pouvoir bénéficier de tous les avantages accordés aux couples hétérosexuels. G.W. Bush a redit ses convictions : « Je crois que le mariage est une union entre un homme et une femme. Je crois que c’est une institution sacrée qui est cruciale pour la santé de notre société et le bien-être des familles, et qu’elle doit être défendue. » Dans le New Jersey, le Congrès décidera de la manière d’appliquer le principe d’égalité, soit en nommant l’union « mariage », soit en définissant « un statut parallèle, qui offre, en des termes identiques, les droits et avantages ainsi que les charges et les obligations des couples mariés ».

Le Massachusetts est le premier Etat à avoir autorisé le mariage homosexuel, par décision de justice, en 2004, avec une condition : il faut résider dans cet État pour pouvoir s’y marier. Dans le Vermont (depuis 1999) et en Californie, des unions civiles ou de partenariats permettent de bénéficier des droits liés au mariage. Mais vingt Etats ont adopté des amendements visant à empêcher toute légalisation du mariage homosexuel, et dans la plupart des cas à une écrasante majorité. Huit Etats consulteront la population par référendum, le 7 novembre, sur cette question : l’Arizona, le Colorado, l’Idaho, la Caroline du Sud, le Dakota du Sud, le Tennessee, la Virginie et le Wisconsin.

 

Le mariage homosexuel est autorisé légalement aux Pays-Bas, en Belgique, en Espagne et au Canada. En France, 58 % des personnes sont favorables à sa légalisation, réparties en 62 % des femmes et 53 % des hommes, ou encore 77 % des moins de trente-cinq ans et 47 % pour ceux qui dépassent cet âge.

Source : http://www.agoravox.fr/article.php3?id_article=14984

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