elle avait mis à la dérobée son visage des jours de nuits heureuses les traits estompés par une surabondance d'être
derrière cet écran se tenait la joie criante du maléfice et du bienfait
il fallait suivre ce visage poncé rendu à lui-même à la trace les yeux fermés et du bout des doigts pour en cerner l'obscur et le contradictoire
toujours au point de chute et toujours sur le point de renaître
indice d'une finesse sans faille au long du cou et au large de la poitrine où le grain de la peau surprenait la main la plus fine
où le moindre mouvement surtout
n'était qu'immanence
n'était qu'intelligence pure du moment présent
Poème de Louky Bersianik, Baiser vertige, Anthologie préparée par Nicole Brossard, Editions Typo, Montréal, Québec, 2006
Photographies de Sasha Huttenhain