Cet espace est dédié à la culture et aux arts sapphiques, ainsi qu'au féminisme, à toutes les femmes de talent...
Je vous invite à le visiter et à ne pas hésiter à me proposer des textes, des poèmes ou des nouvelles pour l'enrichir, je les posterai en votre nom.
Présentation
:
Lez/zone
:
Lez Zone est un espace dédié à la culture et aux arts sapphiques, au féminisme. Vous y trouverez également quelques actualités.
Poèmes illustrés, peinture, photographie, artistes invitées.
En théorie
:des articles de fond et de référence sur le lesbianisme, l'homosexualité
et le féminisme, ainsi que quelques articles sur l'actualité LGBT.
Un peu d'art aussi, des coups de crayons et de pinceaux, de la poésie, des images.
En pratique :un blog et son histoire.
Les albums qui sont dédiés à une artiste en particulier sont créés avec l'autorisation et la collaboration
de cette artiste. Pour litiges ou autres mots, mon adresse mail :sappho4444@hotmail.com
endormie recouverte de ta nuit polaire à couper le souffle je ne suis plus qu’une main ouverte sur les âges un élan d’oubli trouée déportée de ma vie fugitive sur ta peau
dépouillée ma chair écarlate je cède en un cri rugissante de certitudes anciennes
ton amour s’expulse de mon corps me lacérant de son pardon
je suis
je respire à nouveau intacte rescapée de nos étreintes
à mon réveil les oies blanches ont tracé des ébauches de lumière
Un gros plan de la main en arrêt sur une rive provisoire : un vague continent pourrait se mettre à bouger, articuler, dériver. On interprèterait ce rapprochement légitime : une fausse note
(un enfantillage quand on touche, et qu’il ne faut pas ; une femme suce son pouce gauche, et il ne faut pas ; elle s’absente dans un geste désert qui lui fait perdre le sens de la rive ; elle est de marbre blanc, réduite à l’état de lignes et de formes, portrait de femme à la main, sans attente hors d’atteinte et il ne faut pas),
*
Ce qui entraînerait la rupture ; ce qui, subitement, détruirait l’équilibre
(je ne suis là pour personne ni pour moi-même, dépaysée, un peu floue dans l’oubli d’un corps que l’inertie de la main tient éloigné de l’irruption ou de la répétition de la chute. Moment essentiel où je ne suis que surface étonnante, odorante, sans rien en moi qui résiste à l’aplanissement de la figure vertigineuse de ces lieux dans lesquels il m’arrive si souvent d’être piégée parce qu’une
*
simple vague sur le vernis de la surface, un effleurement un peu gauche, et le seul mot qui me vient est le mot : déchirure.
[…]
Denise Desautels, Mémoires parallèles, choix de poèmes, choix et présentation de Paul Chamberland, Éditions du Noroît, 2004, p. 80
Prise du corps Chair arrimée dans la haine Cri fuselé Acculé dans la gorge.
Dans l’enceinte de la ville Personne n’a su.
La clarté du matin, la parole amicale Ont gavé le coeur d’espérance Mais le soir a vite repris son anonymat La ville à nouveau sera témoin Images de mépris absoutes par le siècle Pour des siècles d’avance. Muselés les corps, soumis Enchaînés à l’arrogance. Épinglée, bâillonnée, La lumière ne sortira pas d’ici Les murs sont hauts, les lois de fer Le pays est en règle Et la maison du roi si confortable.
Le soir assis dans la ville On recommence on joue On assassine les âmes On brûle les pellicules On mâte, on ficelle On viole.
Muette, mal-aimée Elle se taira Comme sa mère, comme ses soeurs Chuchoteront entre elles Monosyllabes se perdant sous le poids du silence Baisseront la tête et désarmées Reprendront sans rien dire La route d’hier La contrainte L’obéissance.
Prise du corps Chair arrimée dans la haine Dans l’enceinte de la ville Personne n’a su.
Je vous parle tout bas Pour que ce soit clair Pour que le son s’ajuste Au timbre de ma voix
Je marche dans un temps Qui flambe de lumière Des rancunes crissent Dans le fin fond sonore Le scintillement de la peur N’est qu’une répétition violente Du même révoltant mystère
J’écoute battre votre sang Je vous parle tout bas D’un chagrin ineffable Qui me coupe le souffle D’une colère si profonde Qu’elle submerge ma conscience
Je vous parle à l’oreille Pour que ce soit juste Pour que le son s’accorde Au timbre de ma voix
J’avance dans l’or ruisselant Du cœur de l’humanité Je vous parle tout bas Pour que ce soit clair Je voyage dans un grand vaisseau De résonances Je ne parle qu’à vous Inconnus isolés du silence Je ne parle qu’à vous Dans le cercle des flammes
Pour que nos voix s’ajustent Au timbre de ce son Qui est le son du Soi
Les poèmes ont été écrits en quelques heures hypnotiques, durant lesquelles ces arbres saisis par Marie-Lydie semblaient sortir de la page pour m’appeler, et m’entraîner dans le vent et l’odeur des racines – très loin dans la forêt du réel, dans le bois de l’enfance. Sourires, larmes, jaillissement, retours, secrets.
Marie-Lydie lorsqu’elle dessine sur le motif travaille vite, dans l’essentialité du rythme, comme en transe. Et moi je m’imprègne de ses encres jusqu’à écrire de même dans le saisissement / dessaisissement. Surgissent alors des mots que je n’attendais pas, des images que j’ignorais porter.
Me découvrir dans l’autre – découvrir l’étrangeté en moi. Ecriture au crayon de bois noir, autour, au-dessous, au-dessus des encres scannées et reproduites. Entourer, cerner, creuser. Presque écrire entre les lignes du dessin, comme on se coule entre des troncs, comme on explore le labyrinthe. Puis retourner la page et m’évader dans une blancheur striée de noir.
Carole Menahem-Lilin
J’oublie tout auprès de l’arbre, à le dessiner sur le vif ! Le calame trempé d’encre de Chine court sur la feuille blanche au rythme de mon souffle porté par le vent et la lumière du ciel…