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Rose Ausländer :

Dans le rien

Découvrir un chant

La chambre m'abrite

Ne le sais

Quand je partirai

Tu es là encore

Anne Archet :
Convulsive

Union nucléaire

Nicole Barrière :

Femmes en parallèle

Marie Bataille :

Nuit

Le silence te creuse

Germaine Beaulieu :

Dans l'attente

Elle s'interroge

Il n'y a plus de sens

Rien du noir

Tu tiens bon le désir

Jannick Belleau :

Adios Amiga

Jovette-Alice Bernier :

C'est alors que l'on sait

J'abdique tout

Louky Bersianik :

La Splendeur

Le testament de la folle alliée

Le visage

Maladie d'amour

Huguette Bertrand :

Alpamayo

Blondes nuits ensoleillées

Enchevêtré aux impossibles

Je ne suis que le vent

J'ai cette gourmandise

Les visages du temps

Quand le cri du corps

Sous la caresse des mots

Sur la pointe des doigts

Sur l'écran brûlant...

Claudine Bohi :

L'humilité...

France Bonneau :

Si j'étais immigrante

Nicole Brossard :

Aujourd'hui je sais

Ma continent

Ne touchons pas...

Sa surface

Sous la langue

Françoise Bujold :

Quand la perdrix...

Mélanie Cantin :

Innocent amour

Diane Cardinal :

Je m'assois sur ton nombril

Je m'infiltre sous ta peau

Tu murmures

Patrizia Cavalli :

De moi...

Natalie Clifford Barney :

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Anne Collignon :

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Cristie Cyane :

Laisse-toi aller

On veut pas d'ça ici !

Polaroïd

Rainbow

Un baiser sur ses seins

Louise Cotnoir :

Il faudrait le poème

Le sexe marqué...

Maison à louer

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J'adviens...

Emily Dickinson :

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Elle s'éleva...

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Pour Toi

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23 juillet 2006 7 23 /07 /juillet /2006 01:00

AMERIQUE FRANCAISE

Je ne suis pas née pour servir un mâle mais pour accomplir l'espèce humaine.

Je suis l'humanité femelle. Ce qui se crée sans moi est illusoire, temporaire; je donne un sens à tout car on bâtit pour moi.

Je suis l'amibe et le cristal, je suis le commencement des temps.

Vie, j'ai donné la vie; je l'ai donnée mâle et femelle.

Je ne suis venue ni avant, ni après, ni de ta côte, ni de ta solitude, ni grâce à ta sollicitude, mais je suis venue en même temps que toi.

Je suis Dieu par mon essence et tu ne te diviniseras jamais sans moi.

[...]

 

 

Poème d'Andrée Maillet, Le Paragdime de l'idole (1964), in Anthologie de la poésie des femmes au Québec des origines à nos jours, Les éditions du Remue-ménage, Nicole Brossard & Lisette Girouard, 2003.

Photographie : auteur(e) inconnu(e)

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18 juillet 2006 2 18 /07 /juillet /2006 07:17

Quand je partirai



Quand je partirai

le soleil continuera à brûler



les corps du monde

se déplaceront vers leurs fondements

en un point central

que nul ne connaît



Toujours doux sentira

le lilas

des éclairs blancs

illuminent la neige



quand j'irai au loin

de notre terre oubliable

toi mon mot

tu parleras

une violette

pour moi



Laisse

le rêve

vis ma vie

jusqu'à sa fin







Poème de Rose Ausländer

 

 

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17 juillet 2006 1 17 /07 /juillet /2006 07:15

 

Elle s'éleva selon ses Besoins à Lui - lâcha

Les Jouets de Sa Vie

Pour assumer la respectable Tâche

De Femme, et d'Epouse -

S'il Lui manqua dans Son Age nouveau

Quelque Ampleur, ou Absolu -

Ou Quête première - Ou si l'Or

Dans le commerce, s'use,

 

Ne fut pas dit - ainsi l'Océan

Fait-il croître Perle, et Algue,

Mais de Lui seul - restent connus

Les Abysses qu'elles peuplent -

 

 

 

Poème *732 d'Emily Dickinson, Une Ame en Incandescence, Traduit et présenté par Claire Malroux, Editions José Corti, 1998.

Photographie de Sabine Schoenberger

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10 juillet 2006 1 10 /07 /juillet /2006 10:25

 

Douter de Moi ! Mon Obscur Compagnon !

Eh quoi, Dieu serait satisfait

D'une fraction de cette Vie - pour toi -

Prodiguée, sans compter -

Moi toute entière - à jamais -

Que peut de plus la Femme, dis-le,

Vite, que je puisse te doter

De mon dernier Délice !

Ce ne peut être mon Ame -

Car elle était tienne, avant -

Je t'ai cédé de la Poussière

Tout ce que j'en savais -

Quelle autre Opulence avais-je

Moi - Vierge tavelée,

Dont le désir à son plus Extrême

Etait - de pouvoir -

Dans un lointain Paradis,

Timide, avec toi demeurer !

Scrute-la, de son Front à ses Pieds nus !

Filtre, que ton dernier Soupçon -

Tombe, ainsi qu'une Tapisserie,

Devant les Yeux du Feu -

Vanne sa plus fine tendresse -

Mais vénère la neige

Pour toi, ô Chicaneur, intacte

Dans l'Eternel flocon !

 

 

 

Poème *275 d'Emily Dickinson, Une Ame en Incandescence, Traduit et présenté par Claire Malroux, Editions José Corti, 1998.

Photographie : Blowup

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4 juillet 2006 2 04 /07 /juillet /2006 08:07

Il a Sanglé ma vie -

J'ai entendu claquer la Boucle -

Puis s'est détourné, impérial,

Repliant mon Existence -

Délibérément, comme un Duc

La Charte d'un Royaume -

Me voilà de la gent Consacrée -

Membre de la Nuée.

 

 

Mais pas si loin qu'à l'appel je ne vienne

M'acquitter des menues Corvées

Qui des Autres forment la Routine -

 

 

Et distribuer des sourires

Aux vies qui s'abaissent à remarquer la mienne -

Et poliment l'invitent -

Cette invitation, savez-vous pas pour Qui

Il faut que je la décline ?

 

 

 

Poème *273 d'Emily Dickinson, Une Ame en Incandescence, Traduit et présenté par Claire Malroux, Editions José Corti, 1998.

Photographie d'Aleksey Kozlov et Marina Khiebnikova

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3 juillet 2006 1 03 /07 /juillet /2006 07:39

J'abdique tout

Je ne suis plus qu'un peu de chair qui souffre et saigne.
Je ne sais plus lutter, j'attends le dernier coup,
Le coup de grâce et de pitié que le sort daigne
Assener à ceux-là qui vont mourir debout.

J'abdique tout. J'ai cru que la cause était belle
Et mon être a donné un peu plus que sa part ;
La mêlée était rude et mon amour rebelle,
Ma force m'a trahie et je l'ai su trop tard.

Je suis là, sans orgueil, sans rancoeur et sans arme ;
Mais l'espoir têtu reste en mon être sans foi,
Même si je n'ai plus cette pudeur des larmes
Qui fait qu'on a l'instinct de se cacher en soi.

La vie âpre, insensible, a vu ma plaie béante
Et tous les soubresauts qui ont tordu mon corps ;
J'ai crispé mes doigts fous aux chairs indifférentes,
Mon amour résigné a pleuré vers la mort.

Qu'elle vienne, la mort, celle des amoureuses,
La mort qui vous étreint comme des bras d'amants,
Et qu'elle emporte ailleurs cette loque fiévreuse
Qu'est mon être vaincu, magnifique et sanglant.





 

 

Poème de Jovette-Alice Bernier, Les Masques déchirés, Albert Lévesque, LACF, 1932, 142 p.

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2 juillet 2006 7 02 /07 /juillet /2006 08:41

Speak white
il est si beau de vous entendre
parler de Paradise Lost
ou du profil gracieux et anonyme qui tremble dans les sonnets de Shakespeare

nous sommes un peuple inculte et bègue
mais ne sommes pas sourds au génie d'une langue
parlez avec l'accent de Milton et Byron et Shelley et Keats
speak white
et pardonnez-nous de n'avoir pour réponse
que les chants rauques de nos ancêtres
et le chagrin de Nelligan

speak white
parlez de choses et d'autres
parlez-nous de la Grande Charte
ou du monument à Lincoln
du charme gris de la Tamise
de l'eau rose du Potomac
parlez-nous de vos traditions
nous sommes un peuple peu brillant
mais fort capable d'apprécier
toute l'importance des crumpets
ou du Boston Tea Party

mais quand vous really speak white
quand vous get down to brass tacks

pour parler du gracious living
et parler du standard de vie
et de la Grande Société
un peu plus fort alors speak white
haussez vos voix de contremaîtres
nous sommes un peu durs d'oreille
nous vivons trop près des machines
et n'entendons que notre souffle au-dessus des outils

speak white and loud
qu'on vous entende
de Saint-Henri à Saint-Domingue
oui quelle admirable langue
pour embaucher
donner des ordres
fixer l'heure de la mort à l'ouvrage
et de la pause qui rafraîchit
et ravigote le dollar

speak white
tell us that God is a great big shot
and that we're paid to trust him
speak white
parlez-nous production profits et pourcentages
speak white
c'est une langue riche
pour acheter
mais pour se vendre
mais pour se vendre à perte d'âme
mais pour se vendre

ah !
speak white
big deal
mais pour vous dire
l'éternité d'un jour de grève
pour raconter
une vie de peuple-concierge
mais pour rentrer chez nous le soir
à l'heure où le soleil s'en vient crever au-dessus des ruelles
mais pour vous dire oui que le soleil se couche oui
chaque jour de nos vies à l'est de vos empires
rien ne vaut une langue à jurons
notre parlure pas très propre
tachée de cambouis et d'huile

speak white
soyez à l'aise dans vos mots
nous sommes un peuple rancunier
mais ne reprochons à personne
d'avoir le monopole
de la correction de langage

dans la langue douce de Shakespeare
avec l'accent de Longfellow
parlez un français pur et atrocement blanc
comme au Viêt-Nam au Congo
parlez un allemand impeccable
une étoile jaune entre les dents
parlez russe parlez rappel à l'ordre parlez répression
speak white
c'est une langue universelle
nous sommes nés pour la comprendre
avec ses mots lacrymogènes
avec ses mots matraques

speak white
tell us again about Freedom and Democracy
nous savons que liberté est un mot noir
comme la misère est nègre
et comme le sang se mêle à la poussière des rues d'Alger ou de Little Rock

speak white
de Westminster à Washington relayez-vous
speak white comme à Wall Street
white comme à Watts
be civilized
et comprenez notre parler de circonstance
quand vous nous demandez poliment
how do you do
et nous entendez vous répondre
we're doing all right
we're doing fine
we
are not alone

nous savons
que nous ne sommes pas seuls.






Michèle Lalonde, Speak White, poème-affiche, l'Hexagone, 1974.

Photographie de Doug Beasley

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30 juin 2006 5 30 /06 /juin /2006 13:22

Elle s'interroge
remet en question la nuit le jour
déloge la constance
reprend le cours de l'existence.
Elle espace les intermèdes de l'amour
s'essouffle dans l'ombre
et d'ailleurs s'inspire.

 






Poème de Germaine Beaulieu, De l'absence à volonté, Écrits des Forges, 1996, 135 p.

Photographie de Zoé Wiseman

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29 juin 2006 4 29 /06 /juin /2006 07:26


Si j’étais immigrante
J’aurais pour parler le langage des mots utiles,
des "bonjour, comment ça va ?"
Je voudrais dire mais ne dirais rien.
La tête haute, je m’en irais vers ma maison,
vers mon îlot de ville. Près des miens, je serais bien.
Près d’eux, pas besoin de rien.
Pas besoin de serrer les poings, ...voyez, comme en ce moment.


Si j’étais immigrante, les miens à dire vrai,
 ne me suffiraient pas.
Je voudrais abolir. La petite vie à la petite semaine,
le petit salaire, la petite peur.
Abolir, les yeux baissés, la soumission, l’étroitesse des balcons.
 



 
 

Si j’étais immigrante, je claquerais des dents et je hurlerais,
 là, sur-le-champ.
Rien ne sortirait, ...voyez, comme en ce moment.
Personne ne m’a pourtant dit de me taire.
Mais quand on vient d’ailleurs, on se ferme simplement.
La tradition est millénaire.
On enterre sa gueule sous les boniments.
On fait comme il se doit. Naturellement.



Si j’étais immigrante
Je maudirais le conflit qui s’abat en moi.
Suis-je d’ici, d’ailleurs ou de nulle part ?
Ai-je mon mot à dire ?
À quoi servent les présidents ? Le droit de vote, l’internet et la télévision ?

 
 
 


Si j’étais immigrante, je n’aurais pas le verbe hurlant.
Mais sans crier gare, j’avancerais,
J’avancerais quand même.
Bon sang, mauvais sang !
Voyez, comme en ce moment !




Poème de France Bonneau


Photographies : Gianni Candido
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28 juin 2006 3 28 /06 /juin /2006 11:09

Il s'exerce sur votre Ame

Comme un Pianiste sur le Clavier -

Avant de plaquer ses Accords -

Il vous étourdit par Degrés -

Prépare votre fragile Nature

Au Heurt Ethéré

Par de plus sourds Marteaux - au loin perçus -

Puis plus proches - puis si - lents -

Que votre Souffle - a le temps de se reprendre -

Votre Cerveau - de se Rasseoir -

Assène Un seul - Coup de tonnerre impérial -

Qui scalpe votre Ame à nu -

Quand les Vents saisissent des Forêts dans leurs Griffes -

L'Univers - se tait -

 

 

Poème *315 d'Emily Dickinson, Une Ame en Incandescence, Traduit et présenté par Claire Malroux, Editions José Corti, 1998.

Photographie : Fabio Borquez

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