Désir obscur de mes rêves...
Poème de Carole Menahem-Lilin
En écho à un poème de Pierre Reverdy, Horizontal et tout est dit, in Main d'oeuvre, dont voici les derniers vers
« ....La chambre n’est pas assez grande
Pour garder pendant le sommeil
Les rêves qui fuient sur la bande»
Les rêves s’échappent par la bande
Me laissant au matin
Orpheline de moi-même
De mon souffle qui s’enfuit
Au-delà de mes mains.
La chambre n’est pas assez grande
Pour me garder pendant le sommeil.
Je pars faire provision de doubles et des odeurs de l’orage.
Le désir obscur de mes rêves
Multiplie les visages
Les battements d’ailes insoumis.
Le désir obscur
Approfondit le cristal du jour
D’un peu de nuit
Et double nos silhouettes trop claires
D’absolus provisoires.
Ces tentants précipices qui s’ouvrent sous mes pas
En plein midi
Un jour où l’autre j’y tomberai
Si
Je ne m’engage à les apprivoiser
Si je n’apprends à
Peigner longuement au jour
La chevelure mêlée, obscurcie, désirante
Souffrante
Labyrinthique
De mes rêves.
Photographie d'Eberhardt