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  • : Lez Zone est un espace dédié à la culture et aux arts sapphiques, au féminisme. Vous y trouverez également quelques actualités. Poèmes illustrés, peinture, photographie, artistes invitées.
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Découvrir un chant

La chambre m'abrite

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Quand je partirai

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Anne Archet :
Convulsive

Union nucléaire

Nicole Barrière :

Femmes en parallèle

Marie Bataille :

Nuit

Le silence te creuse

Germaine Beaulieu :

Dans l'attente

Elle s'interroge

Il n'y a plus de sens

Rien du noir

Tu tiens bon le désir

Jannick Belleau :

Adios Amiga

Jovette-Alice Bernier :

C'est alors que l'on sait

J'abdique tout

Louky Bersianik :

La Splendeur

Le testament de la folle alliée

Le visage

Maladie d'amour

Huguette Bertrand :

Alpamayo

Blondes nuits ensoleillées

Enchevêtré aux impossibles

Je ne suis que le vent

J'ai cette gourmandise

Les visages du temps

Quand le cri du corps

Sous la caresse des mots

Sur la pointe des doigts

Sur l'écran brûlant...

Claudine Bohi :

L'humilité...

France Bonneau :

Si j'étais immigrante

Nicole Brossard :

Aujourd'hui je sais

Ma continent

Ne touchons pas...

Sa surface

Sous la langue

Françoise Bujold :

Quand la perdrix...

Mélanie Cantin :

Innocent amour

Diane Cardinal :

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Je m'infiltre sous ta peau

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De moi...

Natalie Clifford Barney :

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Anne Collignon :

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Laisse-toi aller

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Un baiser sur ses seins

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Il faudrait le poème

Le sexe marqué...

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L'espoir ?

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16 février 2008 6 16 /02 /février /2008 11:52

Un nouveau blog


http://lesbiennesmaghrebines.over-blog.com


AZRIYAS


blog des lesbiennes maghrébines et des femmes libres



Déjà vous expliquer d'où vient le nom de ce blog:
 


dans les Aurès, région berbère d'Algérie, les Azriyas sont des femmes libres. A la personnalité affirmée, dotées d'un sens de l'hospitalité inégalé et d'un profond raffinement, ces femmes étaient loin d'être ostracisées ou rejetées ... elles semblaient, au contraire, selon l'auteure Mathéa Gaudry, qui les a approchées et étudiées (in "La femme chaouia de l'aurès") jouir d'une position privilégiée.
Nous sommes des Françaises d'origine algérienne, et nous souhaitions, depuis un moment, ouvrir un espace d'échange pour les femmes libres du monde entier ... nous espérions créer un espace d'échange où les femmes libres ou qui aimeraient l'être (serait-ce sur la toile), des femmes en questionnement sur leur sexualité, dans leur rapport aux autres femmes pourraient discuter et réfléchir, en toutes quiétude et latitude, sur des thèmes aussi divers que le cinéma, la littérature, le féminisme, etc.
Nos maîtres-mots sont liberté, diversité, tolérance.
Ce sont toutes ces raisons qui nous ont incitées à créer ce forum.

Qu'est-ce être une femme dans les sociétés d'aujourd'hui ?
Quelle place occupons-nous et laquelle devrait nous revenir ?
Pour initier un début de réflexion, j'ai choisi un extrait du book de Kristeva (in "Seule, une femme" ), une écrivaine et psychanalyste française d'origine bulgare. Elle souligne sa singularité, le goût et le prix de sa liberté !

"Oui, j'emploie le mot "seule" au sens de singulière, unique, sans égale. "Seule" est cette incommensurable particularité à laquelle fait appel Le Génie féminin que j'adresse à l'unicité de chacun et de chacune, au dépassement de soi en ces temps de massification et de globalisation. Mais "seule" indique aussi la solitude qu'éprouve une femme, fût-elle la mieux entourée, aidée ou intégrée, quand elle assume le risque de sa singularité, qui est tout simplement le risque de la liberté. Car l'Histoire n'a pas préparé les femmes à oser prendre ce risque et, plus douloureux encore, lorsqu'elles le font, leurs partenaires familiaux et sociaux en sont heurtés. Comme la gloire selon Madame de Staël, la singularité au féminin est bien souvent, aujourd'hui encore, "le deuil éclatant du bonheur".


Source: http://lesbiennesmaghrebines.over-blog.com

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4 février 2008 1 04 /02 /février /2008 11:47

 

  Je n’ai pas pour habitude de prendre la plume pour laisser ma voix se dire ici, sur ce blog. Peut-être faut-il prendre une certaine distance lorsque l’on est femme et lesbienne et que l’on expose son regard aux nouvelles de ce monde. Peut-être fallait-il libérer totalement l’espace d’expression pour que toutes les voix de femmes oubliées, étouffées puissent trouver un lieu libre de toute histoire connue afin d’inscrire la leur.
 

Et puis il y a un matin, qui aurait pu être comme les autres, un matin où une voix de femme nous saisit à la gorge, un matin où une parole de femme rompt la barrière de toutes les frontières de silence, ou de distance, établies.

Il fallait ce matin, dire, que cette voix de femme avait été entendue, et reconnue.

J’étais toute à la douceur de mon refuge ce matin. J’étais toute au sourire de la femme aimée, de son baiser, au plaisir de la retrouver ce soir, j’étais à la promesse et à l’attente.

Je me croyais prête à tutoyer l’incohérence, et la violence.

Et j’ai croisé ton regard, ton cri de femme, ton cri de lesbienne en rage, Anne...

Je ne voulais pas laisser ces mots derrière, dans un coin sombre de commentaire. Je voulais te dire que ces mots avaient la résonance de toutes ces histoires de femmes en moi, mes sœurs, mes amies, mes aimées. J’aurais aimé avoir les mots pour dire la colère et la douleur de l’aliénation, de la destruction, dire les ombres terrestres que les hommes laissent derrière leur pas, dire les lambeaux du souvenir. Mais j’aurais aussi aimé dire pour ces femmes, leur force, leur courage, leur résistance, leur combat, leur co-naissance de femmes, leur fierté et leur espoir d’un corps et d’un monde qui puissent leur appartenir.

Et je voulais te dire merci, merci pour tes mots, merci pour Elles…

Les mots d’Anne, en réponse à l’article de Brigitte Brami « Le Plaisir de tuer : Un livre d’un psychanalyste qui justifie le viol. »

 


C'est outrageant de lire ces mots surtout quand notre vie a été brisée par un viol ...  A ces mots je veux vomir cette haine que j'ai contre ces hommes qui ne réfléchissent et qui n'agissent qu'avec leur sexe et leur soit disant virilité ....
et j'ai envie de répondre avec la lettre que j'ai écrite à mon violeur :

Un soir, tu m'as prise, tu m'as possédée ou plutôt tu as cru me posséder. Car tu as eu mon corps mais pas mon âme. Ta femme était enceinte et refusait tes avances alors tu as satisfait ton besoin de mâle en te servant de mon corps. Et c'est toi le premier qui a compris que j'étais lesbienne, bien avant moi sans doute car je ne voulais rien voir. Tu as satisfait ta frustration de ne pas pouvoir baiser ta femme et assouvi ton fantasme de te payer une goudou.

J'ai gardé en moi trop longtemps ce secret qui m'a consumée à petit feu. J'ai détesté ce corps que tu avais sali et qui m'avait trahi. C'est vrai je n'ai pas eu la force de réagir, j'étais pétrifiée et tu t'es senti tout puissant. Mon corps était devenu telle une poupée de chiffon et mon cerveau était déconnecté. Alors tu en as profité, tu m’as violentée, tu m’as violée.

Longtemps la honte a guidé mes pas, j'avais peur de séduire et de me mettre en danger. Alors je me suis enterrée dans ma souffrance. Longtemps j'ai cru que j'étais morte ce jour là, et que rien ne pouvait me ramener à la vie. Longtemps j'ai cru que ta violence était inscrite en lettre indélébile sur mon corps. Longtemps je me suis interdite de vivre, d’être, d'aimer et même de pleurer.

Mais maintenant, j'ai la force de parler et je tiens à te dire haut et fort que tu n'as pas gagné. Je ne veux plus me laisser envahir par toi. Et ce corps que j'ai délaissé trop longtemps, je veux le reconquérir, avec lui, je veux me réconcilier. A mon corps, je veux lui offrir la tendresse pour que toutes les blessures cicatrisent enfin.

Tu as eu la goudou mais la lesbienne que je suis, est fière de ce qu'elle est. Aujourd’hui l’amour me sourit et l’avenir se construit dans la confiance, fini la méfiance. La vie me remplit de bonheur et fini le temps de la mélancolie à me lamenter sur mes plaies. Tu appartiens à un passé que je laisse bien loin derrière moi pour enfin avancer vers demain légère et sereine. 

Je tiens à dire à toutes celles qui ont été violentées, ne baissez jamais la tête. Soyez fières de vous et surtout ne vous laissez pas envahir par la culpabilité. Doit-on culpabiliser d'être une femme ? Dois-je culpabiliser d’être lesbienne ?
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4 février 2008 1 04 /02 /février /2008 10:00
 


Aux femmes qui demandent - sans plus y croire - justice.
Qu’elles vivent !



par Marie-Victoire Louis, chercheuse au CNRS

À celle qui est rentrée en métro
À celle à qui rien n’a été expliqué
À celle que l’on a refusée de recevoir
À celle à qui l’on n’a rien proposé, pas même un café
À celle à qui l’on n’a même pas osé demander ce qui s’était passé


À celle qui n’écoute pas car sa tête n’est plus là depuis longtemps

À celle qui a fait la queue
À celle que l’on ne convoque pas
À celle qui n’a jamais rencontré de juge
À celle qui attend en vain des nouvelles
À celle à qui l’on a dit que c’était trop tard


À celle à qui l’on a déclaré que son histoire ne tient pas debout

À celle à qui l’on a prescrit du Prozac
À celle qui a été soignée pour crises d’angoisses
À celle qui a dû se coucher nue sur une table d’examen
À celle que l’on a consolée : ce n’est pas grave, tu vas t’en sortir
À celle qui a mis sa déprime sur le compte de la mort de son grand-père

À celle à qui l’on a demandé si elle était vierge

À celle qui imaginait qu’elle serait bien défendue
À celle qui ne comprend pas ce que les mots signifient
À celle qui n’a pas eu l’argent pour payer un-e avocat-e
À celle que l’on a longuement questionnée sur sa broche perdue
À celle à qui l’on a asséné : vous n’avez pas beaucoup de biscuits

À celle qui découvre que sa parole n’a pas valeur de preuve

À celle qui a été traînée dans la boue
À celle dont les amants ont été interrogés
À celle qui doit justifier de ses antécédents
À celle qui a été décrite comme fragile, au chômage, sans histoire
À celle qui a compris que d’avoir défendu sa vie allait se retourner contre elle

À celle qui a entendu : émotion n’est pas raison

À celle qui a dû affronter son regard
À celle qui apprend par la presse qu’il est séropositif
À celle que l’on a menacée de lui faire une réputation
À celle qui pense qu’il est bien capable d’exécuter ses menaces
À celle qui doit payer 80 euros tous les mois à l’homme qui l’a violée

À celle qui a dû se contenter de : C’est vrai, Monsieur, vous ne recommencerez
plus ?

À celle dont la plainte a fini au panier
À celle qui reçoit une lettre : Affaire classée
À celle qui se rend compte qu’il a plus de droits qu’elle
À celle qui n’a jamais entendu parler de légitime défense
À celle qui lit qu’il n’y a eu ni menaces, ni violences, ni contraintes


À celle qui a toujours bénéficié de la présomption de culpabilité

À celle qui ne cesse devoir se justifier
À celle qui doit prouver l’improuvable
À celle qui est témoin de sa propre cause
À celle dont les collègues ont témoigné contre elle
À celle qui voit la plainte traitée par-dessus la jambe

À celle qui, en poussant la porte, a compris que c’était perdu

À celle qui aimerait savoir ce que sa sexualité vient bien faire ici
À celle qui découvre que les faits sont insuffisamment caractérisés
À celle à qui l’on affirme que la demande de pardon est une grande avancée
À celle qui doit se souvenir de tout, alors qu’elle est au trente sixième
dessous
À celle qui se demande si une enquête concernant sa personnalité est bien
légitime

À celle qui a conclu qu’elle avait payé très cher sa parole

À celle qui trouve injuste que le doute profite à l’accusé
À celle qui estime que ce n’est pas à elle d’apporter les preuves
À celle qui ne croit pas que, pour être juste, il faille avoir fait du droit
À celle qui considère que le ‘nécessaire recours à la loi’ a bien du plomb dans
l’aile
À celle qui ne comprend pas que tout soit si compliqué, alors que tout est si
simple

À celle qui dit que la justice, c’est comme le loto

À celle qui est tétanisée
À celle qui n’a pas eu le dernier mot
À celle qui n’a pas supporté qu’on mette en doute sa parole
À celle qui s’étonne de ce que l’essentiel n’est jamais abordé
À celle qui doit répondre sans jamais pouvoir poser ses questions

À celle qui n’accepte pas qu’il soit remis en liberté

À celle qui a refusé le huis clos
À celle qui s’est évanouie et a du être évacuée
À celle à qui l’on a suggéré de pleurer car c’était bon pour elle
À celle que l’on a encouragée à rester calme, digne, mesurée, cohérente
À celle qui est menacée dans le lieu même où la justice est censée s’affirmer

À celle qui a du mal à penser que ça lui a fait du bien

À celle qui veut, elle, juger
À celle qui aurait voulu se défendre toute seule
À celle qui a méprisé le soutien, l’aide, l’écoute, l’empathie
À celle à qui l’on ose encore dire : c’est parole contre parole
À celle qui constate que les droits de la défense s’autorisent bien des droits

À celle qui a dû se blinder, se cliver, se désensibiliser pour supporter tout ça

À celle qui a n’a pas gagné
À celle qui n’en peut vraiment plus
À celle qui entend que les victimes encombrent les tribunaux
À celle qui ne voit pas d’autres alternatives que le meurtre ou le suicide
À celle qui, même dans un abri anti-atomique, ne se sentirait pas en sécurité

À celle qui hésite entre la course de fond et le calvaire

À celle qui a cessé sa thérapie
À celle qui a posé son fardeau
À celle qui est soutenue, aidée, comprise, encouragée
À celle qui s’est reconstruit un monde qui lui appartient
À celle qui en a marre d’être courageuse mais qui continue quand même

À celle qui croit encore un peu à quelqu’un-e et à quelque chose

À celle qui veut tout foutre en l’air
À celle qui a été étouffée sous sa colère
À celle qui ressent de la haine et qui n’en a pas honte
À celle qui, faute de pouvoir hurler, a cessé de parler
À celle qui ne sait même pas où, comment, auprès de qui crier

À celle que l’on nomme survivante, alors qu’elle est morte en dedans

À celle qui a tenu bon
À celle qui appelle à la révolte
À celle qui ressent l’urgence de s’organiser
À celle qui s’est découverte forte comme un roc
À celle qui n’a plus peur de rien ni de personne

À celle dont les rêves et les nuits et sont dorénavant apaisées

À celle qui a dénoncé le verdict
À celle qui a critiqué la presse, la télé, les radios
À celle qui a rendu hommage à ses ‘sœurs de sang’
À celle qui a rappelé qu’elles avaient toutes résisté
À celle qui a démenti catégoriquement les accusations

À celle qui est fière de son combat

À celle qui a été retrouvée morte, à demi nue
À celle dont le dossier portait la mention : fugue
À celle que personne n’est allé chercher à la morgue
À celle dont les enfants sont toujours en famille d’accueil
À celle qui n’a eu d’autre épitaphe que d’avoir été un symbole tragique

À celle dont la vie s’est conclue par : corps presque complet, en bon état de
conservation

À toutes celles qui pensent que tout ça, c’est le monde à l’envers
Et qui ont raison


À toutes celles qui veulent que cet édifice vermoulu disparaisse à tout jamais
Et qui ont raison

À toutes celles qui disent que tout doit radicalement changer. Et vite !
Et qui ont raison

À toutes celles qui, sans le savoir, ont changé le monde
À toutes celles que plus personne ne peut plus humilier
À toutes celles qui savent que le monde sera féministe ou restera barbare
Et qui ont raison




14 janvier 2006

Source : http://sisyphe.org/article.php3?id_article=2261
Photographies de Petr Flynt

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