Près de toi, repue d’amour, de frictions acides, je nous sais désespérément réelles. Nues de béatitude, avec pour seul vêtement que cet amour elliptique, pourquoi ne pas abandonner nos corps, fuir vers les harmoniques ?
Dans ce lit charnel où tu bus mes songes, je crie. Trop de carbone, trop d’hydrogène, trop d’ordre, je ne peux plus supporter ma masse atomique stable ! Il faut vite briser, dénoyauter les ponts, désaxer la covalence absurde, éclater les liaisons, foncer pour fondre le temps pour rejoindre nos soeurs de poussière, pour atteindre l’entropie infinie de nos rêves sans sommeil.
Marque-moi. Fragmente ce que je ne suis pas. Délie tes mots infinis, ton essence, laisse moi pénétrer ton cosmos, saoule-moi de tes peut-être, arrache ma matérialité et confonds mes structures. Oublie les lois cadenassées, ces amarres trop tangibles, et entraîne-moi vers les niveaux aveuglants, si loin, avant que mes yeux ne s’évadent, que ma peau ne me perde, que la ciguë ne s’osmose, que la nuit se sublime, unissons nos éternités pour quelques secondes."
Texte d'Anne Archet