Juste
Ma bouche me parle de son goût, du goût qu’elle a...
Qu’elle m’a donné à tout jamais
Comme un serment, un assassinat
Joues mi-closes, je guette prudemment
Elle a tué ce chiffre chien qui croyait acheter le
monde
Il est mort demain matin
Personne à son enterrement
L’argent est mort
Quand je la vois
Mes joues tapissées de désir se retournent comme un
gant
Je m’inerve comme la cime lassée de vent rentre sous
terre
Sous elle
J’aiguise mes sens
Libres les putains de l’univers courent les rues
Les heures portent des perruques et les portes monnaie
des couches-culottes
Sous elle, je penètre le miracle
Ma langue n’en croit pas un mot
Mais ce goût qu’elle a...
Dans le feu de mes artères chante l’oiseau
Ma langue comestible mangée par son sexe
Me revient longtemps après avec ce goût de femme
Lancinant
Ce goût de nid fait à même le ciel
Poème de Valéry Meynadier
Photographie de Sasha Hüttenhain