Repli
Un soleil de sang perce la brume.
Aujourd'hui, chacune de son côté
nous sommes au coeur du silence
dans le chagrin et dans la peine
à nous attendre au bord d'un étrange chemin.
Le mort vient toujours tout assagir.
Dis, te souviens-tu de nous ?
Nous étions le ciel renversé
une autre saison de l'âme.
Nous avions besoin de tendre les bras pour dépasser le temps.
Dis, te souviens-tu de nous ?
Au bord du ciel
des oiseaux bleus passaient dans l'heure légère
s'enivraient d'invisibles parfums.
Le jour où tu m'as quittée
j'ai perdu la mémoire, saoule de douleur
j'ai perdu le ciel, j'ai perdu
tout perdu.
Toi, mon île secrète
le jour où tu m'as quittée
les étoiles se sont grandes ouvertes.
L'horizon est devenu noir comme une blessure qui s'infecte.
Par l'infini de la nuit elle fermente de fièvre et de folie.
Ne le dis à personne.
Dans le paysage tout en vertige, j'écoute
le battement de ton coeur.
Ne le dis à personne,
Dans la douleur mon âme s'isole
et j'ai le regard fou.
Poème de Françoise Tchartiloglou, Pour t'aimer, Prix Renée Vivien 2000, Maison Rhodanienne de Poésie, Collection Rencontres Artistiques et Littéraires, 2004