je m'assois sur ton nombril tu me fais tourner à toute vitesse des rayons lumineux s'arquent à ton corps ma sphinge gardienne des enfers tu me dardes si fort du regard je ne peux pas couper même avec ma lance les couloirs de tes yeux deux portes étanches s'ouvrent j'entre dans cet espace immense où je t'ai tant désirée je veux rester à l'entrée un moment des années-lumières l'éternité me sondent jusqu'aux talons je suis attachée au sabot d'une vieille jument que je n'ai jamais vue pourtant je connais son nom et celui de toutes les cavalières qui l'ont montée je connais toutes les odeurs dans sa crinière l'ardeur de leurs cuisses contre son flanc le bouclier au ventre contre les vents les narines épatées par l'ampleur du souffle et du galop sur le front elles ont des cornes qui se dressent jusqu'au ciel j'ai le ventre aussi vieux que les pharaons et je veux parler
Poème de Diane Cardinal, extrait de L'Amoureuse, Les Editions Tryptique, Montréal, Québec, 1989.
Photographie de Doug Beasley