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Nicole Barrière :

Femmes en parallèle

Marie Bataille :

Nuit

Le silence te creuse

Germaine Beaulieu :

Dans l'attente

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Il n'y a plus de sens

Rien du noir

Tu tiens bon le désir

Jannick Belleau :

Adios Amiga

Jovette-Alice Bernier :

C'est alors que l'on sait

J'abdique tout

Louky Bersianik :

La Splendeur

Le testament de la folle alliée

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Maladie d'amour

Huguette Bertrand :

Alpamayo

Blondes nuits ensoleillées

Enchevêtré aux impossibles

Je ne suis que le vent

J'ai cette gourmandise

Les visages du temps

Quand le cri du corps

Sous la caresse des mots

Sur la pointe des doigts

Sur l'écran brûlant...

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10 septembre 2006 7 10 /09 /septembre /2006 01:00

l'élan le souffle le silence
le rêve de l'âme l'instant d'éternité
l'ombre transfigurée de ma mort
ce qui en moi vainement te cherche
tout commence et meurt avec les racines
calcinées du soleil sur le monde
car de toi me vient une part de lumière
mirage d'île sur l'écume de la mer



ainsi je ne dis pas, je chante
je brise la lumière pour que de toi elle se multiplie
je peins mes paupières aux couleurs de la terre
mes yeux se ferment sur une idée de la beauté
que tu portes comme une pudeur intime
je sème les pierres blanches de ma mort
je vole une minute de vie
à la courbe légère du temps
car de toi me vient une part de lumière
mirage d'île sur l'écume de la mer



je suis au monde comme un fruit
triste et heureux de la bouche qui l'embrasse
la voix de l'aube se mêle à la tienne
ainsi je ne dis pas, je chante
ce qui en moi vainement te cherche
depuis le jour où mes ombres
s'éparpillèrent autour de moi
crépuscule ébloui de la face d'un dieu barbare
le jour où une théorie d'oiseaux innocents
survola le mirage de mon île
rêve pur incisé dans la chair du temps
ainsi libre captive je m'achève et renais
avec la nuit ses miracles lumineux



*



apparu disparu avec l'impétuosité du printemps
comme un corps nu dans la lumière éteinte
une étoile lyrique dans la nuit ensorcelée
tu me gratifias d'une esquisse de sourire
depuis je célèbre le tumulte intérieur
ma folie de femme lentement détruite
puis reconstruite le profil d'un sourire
qui s'étend sur le silence de mon poème
femme de peu de mots qui écrit
qui écrit comme si elle savait comment



mon histoire a la tristesse à fleur de corps
l'aérienne innocence des ténèbres »

 



Poème d'Amina Saïd, La Douleur des seuils, Clepsydre, Editions de la Différence, Paris, 2002.

Photographie : Elena Vasilieva

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9 septembre 2006 6 09 /09 /septembre /2006 11:05

C’est alors que l’on sait




Pour tout ce que la vie offre de magnanime
Dans ses gestes d’humanité ;
Pour la lutte d’où l’on sort poudreux, mais sublime,
Pour l’angoissante vérité ;
Pour tout, j’ai proclamé ma volupté de vivre
Sans fausse honte et sans orgueil,



Malgré l’effort perdu et la route à poursuivre
Encore, en doutant de l’accueil.



Mais j’aime tout au monde, et le charme de croire
A rendu tout pur à mes yeux,
J’aime ceux qu’un désir exalte vers la gloire,
Les révoltés, les malheureux ;
Je bénis la douleur qui nous tient auprès d’elle
Et qui nous fait souffrir assez
Pour que le sceau du mal s’imprime et nous rappelle
Longtemps le douloureux passé.



La douleur qui pétrit les chairs et stigmatise
La cause de chaque tourment,
Et qui laisse ses traits creusés où s’éternise
Le souvenir, languissamment.
La fièvre qui trahit sur nos tempes humides
La souffrance qu’on veut cacher,
Et qui paraît encore sur la lèvre livide
Où la soif voudrait s’étancher.



C’est alors que l’on sait d’inoubliables choses
Quand on n’a pas pour rien pleuré ;
On pardonne bien mieux, on est tendre et l’on cause
Avec son passé torturé.
On ne mesquine plus les douces indulgences
À ceux qui sont parfois tombés,
Qui ne sont pas méchants dans leur désespérance,
Mais qui sont de mépris, nimbés.



On est ce qu’il faut être, on fait ce qu’il faut faire,
Sans amertume et sans soupçons ;
La main se donne mieux: elle est humble et sincère
Et ne craint plus de trahisons.
C’est alors que l’on sait comme on aime la vie
Pour tout ce qu’elle nous apprend ;
Comme il faut être bon, sans regrets, sans envie
Pour les rêves qu’elle nous prend.

 




 Poème de Jovette-Alice BERNIER, Tout n’est pas dit.

Photographie : Doug Beasley

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27 août 2006 7 27 /08 /août /2006 01:00

NUIT

La nuit

Le silence de la nuit

M'entoure

Comme de grands courants sous-marins.

Je repose au fond de l'eau muette et glauque.

J'entends mon coeur

Qui s'illumine et s'éteint

Comme un phare.

Rythme sourd

Code secret

Je ne déchiffre aucun mystère.

A chaque éclat de lumière

Je ferme les yeux

Pour la continuité de la nuit

La perpétuité du silence

Où je sombre.

Poème d'Anne Hébert, Oeuvre poétique, 1950-1990, Les Editions du Boréal, Montréal, 1992.

Photographie : auteur(e) inconnu(e)

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24 août 2006 4 24 /08 /août /2006 01:00

Lettres



chante champ fossoyeur
terre parterre de voix
morte immaculée



craque mes cris corbeau à la corde d'écorce de ma peau
je suis femme ficelle à coudre les lunes dans les marées

 

baiser de blanche bouche
écume curieuse
éternel tentation d'eau



je me couche couventine prostituée priant le pire
et jouir du rêve comme un joug entre mes jambes



rive rougissante revenue
empreinte de plainte
sable sous serment



une plage lisse casse tes vagues promesses larguées
de la rivière au fleuve poète resté fidèle mer de ma furie



rumeur de mots morts
feuilles folles
vent devenu



je souffle la passion servante de mes souffrances
aux orages que mon ciel écrit sous les pas de ma vie. 
 

 



Poème de Luci-Louve Mathieu

Photographie : Scott Radkeb 

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17 août 2006 4 17 /08 /août /2006 01:00

Les petites villes

Je te donnerai de petites villes
De toutes petites villes tristes.

Les petites villes dans nos mains
Sont plus austères que des jouets
Mais aussi faciles à manier.

Je joue avec les petites villes.
Je les renverse.
Pas un homme ne s'en échappe
Ni une fleur ni un enfant.

Les petites villes sont désertes
Et livrées dans nos mains.

J'écoute, l'oreille contre les portes
J'approche une à une toutes les portes,
De mon oreille.

Les maisons ressemblent à des coquillages muets
Qui ne gardent dans leurs spirales glacées
Aucune rumeur de vent
Aucune rumeur d'eau.

Les parcs et les jardins sont morts
Les jeux alignés
Ainsi que dans un musée.

Je ne sais pas où l'on a mis
Les corps figés des oiseaux.

Les rues sont sonores de silence.
L'écho du silence est lourd
Plus lourd
Qu'aucune parole de menace ou d'amour

Mais voici qu'à mon tour
J'abandonne les petites villes de mon enfance.
Je te les offre
Dans la plénitude
De leur solitude.

Comprends-tu bien le présent redoutable ?
Je te donne d'étranges petites villes tristes,
Pour le songe.



Poème d'Anne Hébert, Oeuvre poétique, 1950-1990, Les Editions du Boréal, Montréal, 1992.

Photographie : Pascal Renoux

 

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7 août 2006 1 07 /08 /août /2006 01:00

Délivrer les sources

célébrer les silences

et leur ouvrir les ailes

crier la vérité muette, timide, désarmée,

ameuter les rêves,

marcher sur le fil du jour,

maintenir le coeur sur le cadran solaire,

divulguer l'amitié

créer dans la torsion de l'être,

ravir le secret vital.

 



Poème de Colette Nys-Mazure

Photographie d'Alex Krivtsov

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2 août 2006 3 02 /08 /août /2006 01:00

C'est la vie



C'est la vie


Triste vie


Belle vie.


Vénéneuse amie.


L'ennui, l'amour, les tombes et les guerres et puis


les charniers.


La vie a perdu sens.

 



Elle n'écoute pas le cri de tout un univers.



Devant le poste de télévision


je m'écorche vivante pour rire un peu.


Trop de mensonges d'hypocrisies de violences


c'est terrible, je voudrais dire des mots d'amour


mais voilà...

 



fonctionne et tais-toi...

 





Poème de Françoise Tchartiloglou, Galaxie Rose, Collections les Octaviennes, Editions Geneviève Pastre, 1996

Photographie : Marianne Le Carrour

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1 août 2006 2 01 /08 /août /2006 01:00

Ne le sais



Pourquoi j'ai vécu

jusqu'à maintenant

ne le sais

mon souffle continue encore

quand arrêtera-t-il d'écouter

la langue jaillissante de la fontaine

devant ma fenêtre

peupliers vert flamboyant

aboiements des chiens et cloches du dimanche

des bruits confus de voix de merle

et guerres fratricides sang sur sang

la douleur dans les dents

dans le cerveau martelé

ah l'âme désavouée

pourquoi là



je ne sais

laisse-moi

rien ne sais






Poème de Rose Ausländer

Photographie de Maxim Kapinus

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28 juillet 2006 5 28 /07 /juillet /2006 01:00

la chambre m'abrite

de ce que je dois être abrité

le monde vient par morceau par morceau

à ma fenêtre

peupliers moineaux nuages

des lettres des anciens amis et des amis étrangers

me visitent tous les jours

le temps

un murmure

vraiment

dis-tu

je dis

rêve





Poème de Rose Ausländer

Photographie de Pascal Renoux

 

 

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25 juillet 2006 2 25 /07 /juillet /2006 01:00

L'ENVERS DU MONDE



Notre fatigue nous a rongées par le coeur
Nous les filles bleues de l'été
Longues tiges lisses du plus beau champ d'odeur.



Désertées de force
Soulever des pierres dans le courant,
Dévorées de soleil
Et de sourires à fleur de peau.



Hier
Nous avons mangé les plus tendres feuilles du sommeil
Les songes nous ont couchées
Au sommet de l'arbre de nuit.



Notre fatigue n'a pas dormi
Elle invente des masques de soie
Des gants d'angoisse et des chapeaux troués
Pour notre réveil et promenade à l'aube.
Rayonnent après la vie nos pas
De patience et d'habitude.



Dans nos mains peintes de sel
(Les lignes du destin sont combles de givre)
Nous tenons d'étranges lourdes têtes d'amants
Qui ne sont plus à nous
Pèsent et meurent entre nos doigts innocents.



La voix de l'oiseau
Hors de son coeur et de ses ailes rangées ailleurs
Cherche éperdument la porte de la mémoire
Pour vivre encore un petit souffle de temps.



L'une de nous se décide
Et doucement approche la terre de son oreille
Comme une boîte scellée toute sonore d'insectes prisonniers
Elle dit : " La prairie est envahie de bruit
Aucun arbre de parole n'y pousse ses racines silencieuses
Au coeur noir de la nuit.
C'est ici l'envers du monde
Qui donc nous a chassées de ce côté ?"



Et cherche en vain derrière elle
Un parfum, le sillage de son âge léger
Et trouve ce doux ravin de gel en guise de mémoire.

 





Anne Hébert, Le Tombeau des rois, in Anthologie de la poésie des femmes au Québec des origines à nos jours, Les éditions du Remue-ménage, Nicole Brossard & Lisette Girouard, 2003.

Photographie : Eberhardt

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