Une lesbienne est la rage de toutes les femmes condensée jusqu'à l'explosion.
Dans The Woman identified Woman, 1970
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Une lesbienne est la rage de toutes les femmes condensée jusqu'à l'explosion.
Dans The Woman identified Woman, 1970
Les petites villes
Je te donnerai de petites villes
De toutes petites villes tristes.
Les petites villes dans nos mains
Sont plus austères que des jouets
Mais aussi faciles à manier.
Je joue avec les petites villes.
Je les renverse.
Pas un homme ne s'en échappe
Ni une fleur ni un enfant.
Les petites villes sont désertes
Et livrées dans nos mains.
J'écoute, l'oreille contre les portes
J'approche une à une toutes les portes,
De mon oreille.
Les maisons ressemblent à des coquillages muets
Qui ne gardent dans leurs spirales glacées
Aucune rumeur de vent
Aucune rumeur d'eau.
Les parcs et les jardins sont morts
Les jeux alignés
Ainsi que dans un musée.
Je ne sais pas où l'on a mis
Les corps figés des oiseaux.
Les rues sont sonores de silence.
L'écho du silence est lourd
Plus lourd
Qu'aucune parole de menace ou d'amour
Mais voici qu'à mon tour
J'abandonne les petites villes de mon enfance.
Je te les offre
Dans la plénitude
De leur solitude.
Comprends-tu bien le présent redoutable ?
Je te donne d'étranges petites villes tristes,
Pour le songe.
Poème d'Anne Hébert, Oeuvre poétique, 1950-1990, Les Editions du Boréal, Montréal, 1992.
Photographie : Pascal Renoux
A JUDITH, POUR PRENDRE CONGE
Pour J.H.
La tête engourdie, les doigts engourdis
je recolle à nouveau
l'enveloppe brun clair
qui porte encore sous l'encre griffonnée
l'en-tête de MIND.
Un chœur de vieux cachets postaux
se répercute sur le devant.
Elle semble si fragile
pour être envoyée si loin
et je devrais la déchirer
sans réfléchir
et en trouver une autre.
Mais je suis fatiguée, je ne supporte pas
le moindre mouvement
la moindre pièce, le moindre objet nouveaux,
si bien que je m'accroche également à ceci
comme si ta haute silhouette qui se déplace
à la lumière de la pluie
dans un appartement d'Amsterdam
pouvait être retenue un moment
par une étiquette écrite à la main
ou une enveloppe usée
prise sur ton bureau.
Un jour, ailleurs,
je ne parlerai pas de toi
comme d'un événement singulier
ou d'une belle chose que j'ai vue
même si les deux sont vrais.
Je ne te falsifierai pas
par les louanges ou la description
comme je le ferai
pour d'autres choses que j'ai aimées
presque autant.
Là-bas, à Amsterdam,
tu vivras comme je
t'ai vue vivre
et comme je ne t'ai jamais vue.
Et je ne peux faire confiance
à aucun avion pour t'apporter
ma vie là-bas
dans la trouble Amérique –
ma vie à moi, vécue contre
des faits que j'y garde.
Ce n'était pas l'alphabétisation –
le droit de lire MIND –
ou le suffrage – voter
pour le moindre
mal – qui ont été
les plus grandes victoires, je le vois à présent,
quand je pense à toutes ces femmes
qui ont été ridiculisées
pour nous.
Mais ce petit bout de terre,
Judith ! que deux femmes
amoureuses jusqu'au bout des nerfs
de deux hommes –
dont les morceaux sont donnés en partage
à des hommes, des enfants, des souvenirs
si différents, si épuisants –
puissent croire qu'il est possible
maintenant, pour la première fois
peut-être, de s'aimer
ni comme deux victimes sœurs
ni comme l'ombre
provisoire de quelque chose de mieux.
Partagées comme nous le sommes,
amantes, poètes, réchauffant
contre notre chair
des hommes et des enfants sans savoir
au jour le jour
ce que nous jetterons à l'eau
ou ramasserons
à la lèvre de la marée,
fatiguées souvent, comme moi en ce moment
par l'immense distance entre les âmes
qu'il nous faut couvrir en un jour –
mais arriver ici
à ce petit cap, cette pointe
et nous sentir suffisamment libres
pour laisser nos armes
ailleurs – telles sont les secrètes
issues de la révolution !
que deux femmes puissent se rencontrer
non pas à l'étroit dans
leur secret amer et partagé
mais comme deux yeux sous un seul front
qui reçoivent en un instant
l'arc-en-ciel du monde.
Poème d'Adrienne Rich
Photographie : Unidan
A mon revers
Je porte gravé sur l'envers de ma peau le souvenir d'une heure calme
Ton front sur mon épaule avait la fraîcheur des sources
Tes cheveux étaient une agaçante fuite entre mes doigts
Gravure de silence dans le crissement des cigales
Sa magie me fait un miroir secret
Je garde les yeux clos sur une liberté de couleur
Chacun de mes baisers sur ton visage en porte le sceau
Je porte gravées sur l'envers de ma peau des heures dures
Des heures où le froid ciselait des masques
Mais c'était toi aussi cette fatigue amère
A l'envers des douceurs silencieuses
J'avais des pierres pendues à mes respirations
Et mal
De ce mal qui m'efface dans ton regard
Ce mal qui m'invente le fardeau de tes douleurs
Sur l'envers de ma peau s'est déposé l'éclat de ton visage
A deux visages
Aimés
Oui, aimés tous les deux
Sculpteurs de roche et de cristal dans le corps de mon souffle
Au revers de ma peau
Un blason or et nuit établit l'héraldique de nos souvenirs
Toi
Inscrite de mon corps à mon âme
Poème de Leïla Zhour
Photographie de Jean-Jacques André
Sa surface sur toute sa surface et la
douceur : ces beaux déguisements les cicatrices
dans le cou, sur l’épaule et sur la cuisse
justement la cicatrice happée par l’œil
bouche lente sur sa bouche et dans
sa bouche ma langue qui ne connaissait
pas la sienne mais tacite comme un accord
la langue qui célébrait tout de l’azur et
du feu et du givre sous l’aisselle pleine
de pensées et de confidences
l’espace l’espace
la spirale en son mouvement
les bras sont la pensée la pensée le tremblement
le corps consenti comme la braise les courbes vives
dans la cité les formes la forme insensée des bouches avides et des
bouches inouïes cascades de rires rire d’avance et davantage à
desseins dans la forme les formes une surface de peau prête à oser
Poème de Nicole Brossard
Photographie : auteur(e) inconnu(e)
Sérénité
Te souvient-il encore, ô ma chère compagne,
De ces soirs de juillet dont la molle clarté,
Défiant la splendeur du somptueux été,
S'étendait longuement sur la chaude campagne ?
Les reflets du couchant lentement se fanaient
Dans la coupe du lac. Et ses mourantes teintes,
Tel un bouquet défait de pâles hyacinthes,
Une à une, au linceul de l'eau s'abandonnaient.
C'était l'heure où, quittant la maison toujours pleine,
- Ruche sans nul repos - de murmures humains,
A pas lents, toutes deux, nous prenions les chemins
D'ombre et de solitude allongés sur la plaine.
L'orgueilleuse rumeur du jour laborieux
En un ruissellement de paix s'était dissoute.
Le silence léger s'infiltrait goutte à goutte
Dans les veines du monde, ardent et soucieux.
Graves, nous nous taisions. Et nos sourdes pensées,
Plus que nos pas égaux dans le même sentier,
Nous rapprochaient. Le temps, ainsi qu'un long collier,
Glissait rapidement entre nos mains pressées.
Dans l'ombre fauve, autour de nous, plus un seul bruit.
Plus rien, rien que nous deux, l'esprit fier, l'âme immense,
Et les sens libérés par ce double silence
Où nous errions sans but jusqu'au seuil de la nuit.
Nous sentions notre coeur grandir avec l'espace
Et battre à l'unisson du rythme universel.
Et pour ne point troubler cet instant solennel,
Nous revenions alors en parlant à voix basse.
Jacqueline Francoeur, Aux sources claires (1935), in Anthologie de la poésie des femmes au Québec des origines à nos jours, Les éditions du Remue-ménage, Nicole Brossard & Lisette Girouard, 2003.
Photgraphies : auteur(e) inconnu(e)
Découvrir
un chant
cela signifie
venir
au monde
et courageusement chanter
de naissance
en naissance
Rose Ausländer
Photographe inconnu(e)
Flux et reflux
Quelle est ton heure de fête, ton heure de gloire, d’aise à vivre et à chanter ?
Est-ce à la fine pointe du jour, quand basculent les ténèbres et que toute chose émerge comme au premier matin ?
Est-ce la jubilation de l’éveil : je suis vivant ! cri du corps au mode ; j’existe dans cet univers à créer !
Et montent vers toi les odeurs familières, les mille bruits du quotidien, et tu touches le drape, la joue,
le mur, comme s’ils étaient miraculeux.
Est-ce la première rencontre, le premier visage ou la première main allant vers ton visage,
ta main ; le choc du regard, sa trouée ?
Est-ce dans le nid de la matinée, quand tu épouses le travail à plein corps ?
Est-ce à la césure de midi, lorsque s’équilibrent passé et futur, comme une certitude et une promesse ?
Est-ce dans le feu de l’après-midi, quand s’adoucit l’éclat des heures.
Ou bien le soir glissant vers la nuit, sa tendresse complice, son chuchotement heureux de retrouvailles sans faille, sa plénitude ?
Pour te connaître, te reconnaître, il me faut entrer dans ta perte et ton excès, tes deuils et tes fêtes
Poème de Colette Nys-Mazure
Photographie : auteur(e) inconnu(e)
Le corps subversif est un corps conscient des questions féministes qu'il soulève. [...]
Il faudrait toujours garder à l'esprit que la jubilation, le plaisir du corps, est notre première victoire.
Hélène Marquié.
J'ai interviewé des femmes bosniaques dans des camps de réfugiés pendant la guerre en ex-Yougoslavie.
Vingt à soixante-dix mille femmes avaient été systématiquement violées, sous prétexte de tactique de guerre, en plein milieu de l'Europe, en 1993. Il est très choquant que si peu de gens aient essayé d'y mettre un terme. Cela dit, cinq cent mille femmes sont violées tous les ans dans notre pays et nous ne sommes pas en guerre, enfin, théoriquement.
Ce monologue est inspiré par l'histoire d'une de ces femmes. Elle était musulmane, comme la plupart des femmes interviewées. Avant cette guerre, le viol n'avait jamais fait partie de leur culture. Ce monologue lui est dédié, ainsi qu'à toutes ces femmes extraordinaires de Bosnie et du Kosovo.
********
Mon vagin, mon village
Mon vagin était une fraîche prairie vert et rose. Les vaches paissaient, mon fiancé me caressait tendrement avec un fétu de paille blonde.
Il y a quelque chose entre mes jambes. Je ne sais pas ce que c'est. Je ne sais pas où c'est. Je ne veux pas y toucher. Plus maintenant. Plus depuis. Plus jamais.
Mon vagin était bavard, il ne pouvait attendre, il en disait, il en disait.
Depuis que je rêve qu'il y a un animal crevé cousu entre mes jambes avec du fil noir, il ne parle plus. Et l'odeur horrible de l'animal mort m'envahit. Et sa gorge tranchée saigne et tache mes robes d'été.
Mon vagin connaissait toutes les chansons de femmes, toutes les chansons paysannes, toutes les chansons des forêts d'automne, toutes les chansons du pays.
Depuis que les soldats y ont glissé le canon de leur fusil, il ne chante plus. L'acier était si froid qu'il m'a glacé le coeur. Vont-ils tirer, vont-ils l'enfoncer jusqu'à mon cerveau qui se tord de peur; je ne sais pas. Six d'entre eux, monstres affreux encagoulés de noir, m'enfoncent des bouteilles aussi et des matraques et un balai.
Mon vagin était l'eau d'une rivière où il faisait bon se baigner, eau claire, courant sur les pierres inondées de soleil, sur la pierre de mon clitoris, encore et encore.
Depuis que j'ai entendu la chair se déchirer avec un bruit strident, la rivière ne coule plus. Plus depuis qu'un morceau de mon vagin, un morceau de ma lèvre est resté dans ma main.
Mon vagin. Village vivant, doux et chaud. Mon vagin, là où je suis née.
Depuis que, pendant sept jours, ils m'ont chacun à leur tour, puant la merde et la pourriture, inondée de leur sperme immonde, je n'y habite plus. Je suis devenue une rivière charriant le pus et les poisons et toutes les récoltes sont mortes et tous les poissons.
Mon vagin, village vivant, doux et chaud.
Ils t'ont envahi. Massacré.
Incendié.
Je ne peux plus te toucher.
Je ne peux plus venir te voir.
J'habite ailleurs à présent.
Ailleurs. Mais je ne sais pas où c'est.
Extrait des Monologues du Vagin d'Eve Ensler aux Editions Denoël & d'Ailleurs, 2005.
Photographie : Blowup