Chez les nonistes, Clémentine Autain se voit pousser des ailes
L'adjointe de Delanoë, candidate à une candidature antilibérale pour 2007.
Par Matthieu ECOIFFIER
QUOTIDIEN : Samedi 16 septembre 2006 - 06:00
Clémentine Autain antidote de la gauche antilibérale à Ségolène Royal ? L'adjointe à la jeunesse (apparentée communiste) de la Ville de Paris sera ce week-end à la Fête de l'Humanité. Et elle y fera presque figure de star noniste, puisque, contrairement à l'an passé, Laurent Fabius, José Bové et Olivier Besancenot n'y seront pas. La nature ayant horreur du vide, voilà Clémentine Autain avec des ailes d'un désir de candidature à la candidature sur le dos. Au nom du non et de l'unité antilibérale.
Après avoir arpenté les collectifs locaux depuis l'appel unitaire en mai, «Clémentine», féministe «militante d'une gauche bien à gauche», s'est fait applaudir dimanche dernier à Saint-Denis par les militants des collectifs. Notamment lorsqu'elle a proposé ses services pour la présidentielle. Futée et rouée, «la question de ma candidature, on me la pose, je me la pose. Je mesure mes handicaps: je suis jeune, je suis une femme et je suis blonde», a-t-elle lancé. Et d'ajouter (plus sérieusement) : «Un profil comme le mien peut nous sortir de l'impasse.»
Avec le PCF et la Ligue communiste révolutionnaire (LCR), rétifs à l'idée de ne pas présenter leurs candidat(e)s Marie-George Buffet et Olivier Besancenot , seul José Bové concurrence Autain. Moins connue et plus urbaine que le faucheur d'OGM, elle peut en revanche incarner un saut générationnel. «Bové candidat, c'est comment mettre la plus grande baffe. Mais la seule candidature juste, c'est Clémentine», lâchait dimanche un militant de la minorité «unitaire» de la LCR. Clémentine Autain assure se placer dans la construction politique, pas dans la protestation gauchiste. A 33 ans, après une enfance de saltimbanque sans-le-sou elle est la fille du chanteur Yvan Dautin, de l'actrice Dominique Laffin, morte à 33 ans d'une crise cardiaque, et la belle-fille d'une belle-mère communiste , elle évolue depuis longtemps dans le bain de groupuscules (Alternatives citoyennes, Fondation Copernic) qui oeuvrent pour un rassemblement antilibéral.
Elle en maîtrise parfaitement la rhétorique. «On sera fort ensemble pour porter un projet de transformation sociale qui articule un autre modèle économique avec les enjeux démocratiques, le féminisme, l'écologie et l'antiracisme.» Elle parle comme les livres qu'elle écrit. «La globalisation n'est pas un phénomène météo. Des marges de manoeuvre existent. Il faut un meilleur partage des richesses entre les individus et les territoires.» Cela veut dire concrètement le Smic à 1 500 euros tout de suite, une assemblée constituante pour une VIe République, un pôle public de l'énergie.
De l'énergie, Clémentine Autain en a à revendre. Trop «légère», trop «gentille», selon ses détracteurs, elle rétorque s'être «déjà frottée à Ségolène Royal dans un débat chez Ockrent. Dès qu'on la fait dérailler de son tunnel, elle est vite déroutée», balance-t-elle. Alain Krivine, découvreur de jeunes talents, lui a d'ailleurs envoyé une lettre de félicitations. Reste à convaincre Olivier, Marie-George et José de lui confier le volant. Nécessaire, mais pas forcément suffisant.
Source : http://www.liberation.fr/actualite/politiques/204830.FR.php