La lutte des femmes
En général, les sportives lesbiennes demeurent discrètes. Louise Roy, directrice générale des Outgames, explique pourquoi.
publié dans L'actualité du 1er août 2006 Peu d’athlètes lesbiennes parlent ouvertement de leur vie dans le monde du sport de haut niveau. Pourquoi? L’actualité a posé la question à Louise Roy, directrice générale du comité organisateur des Outgames et porte-parole de la communauté lesbienne au Québec depuis presque 20 ans. Elle-même est médaillée d’argent en basketball aux Jeux du Canada de 1975; elle a fondé le Tour de l’Île de Montréal, au début des années 1980, et a été directrice générale de Vélo Québec. Quels sont les préjugés auxquels les athlètes lesbiennes doivent faire face?
Pourquoi les lesbiennes sont-elles plus réticentes que les gais à affirmer leur orientation sexuelle?
— Les gais ont pris beaucoup plus de place, plus rapidement, dans l’imaginaire collectif et médiatique. C’est une question de modèles. Et il n’y a pas beaucoup de modèles lesbiens.
— Toutes les femmes ont de la difficulté à s’imposer dans les milieux d’hommes. Et encore davantage, si elles sont lesbiennes, dans le sport, un monde particulièrement homophobe. Quand on est homosexuel, on s’aperçoit très vite que la question des vestiaires est celle qui inquiète le plus les gens. Ils se demandent s’ils peuvent être nus dans un vestiaire avec des homosexuels et si ces derniers vont leur sauter dessus. Ce n’est pas comme ça que ça se passe! Mais cette idée préconçue est très enracinée.
Le fait d’être ouvertement lesbienne peut-il encore aujourd’hui détruire une carrière sportive?
— Ça dépend du niveau où évolue l’athlète, dans quelle ligue. Plus le niveau est élevé, moins les gens souhaitent affirmer leur orientation.
Est-ce que les mentalités évoluent?
— Elles vont évoluer, forcément, parce que nous sommes de plus en plus sous les feux de l’actualité. Et c’est cela qui permet le changement de mentalités. C’est pourquoi les Outgames s’appellent ainsi: être «out», c’est être «visible».
Par ailleurs, en matière de droits civiques, tout ce qui ne progresse pas régresse. Le progrès des femmes continue même si les militantes ne s’appellent plus «féministes». Pour les gais et lesbiennes, c’est la même chose. Des gens nous disent: «Vous avez tout obtenu. Maintenant, vous pouvez arrêter.» C’est vrai qu’au Canada on a élargi aux conjoints de même sexe le droit au mariage, mais au-delà, il reste bien du chemin à parcourir.
Source : http://www.lactualite.com/dossiers_speciaux/article.jsp?content=20060621_145955_4956