Par Laurent LOZANO 06/06/2006 - 08:02 | ||
USA: Bush plaide vigoureusement pour l'interdiction du mariage homosexuel | ||
Le président américain George W. Bush a plaidé vigoureusement lundi pour une interdiction du mariage homosexuel malgré l'improbablité de voir adopter un tel amendement à la Constitution aujourd'hui. Le Sénat a ouvert lundi le débat sur un tel amendement, à cinq mois d'élections parlementaires à l'issue incertaine. L'opposition au mariage homosexuel pourrait avoir l'avantage pour la majorité républicaine de rallier des supporteurs en novembre comme elle l'avait fait lors de la campagne présidentielle de 2004. Le porte-parole de la Maison Blanche, Tony Snow, a assuré qu'il ne s'agissait pas pour M. Bush de détourner l'attention des difficultés irakiennes ou domestiques, qui lui valent de battre des records d'impopularité, ni de complaire à la droite religieuse, mais de réaffirmer d'anciennes convictions au moment où le Sénat engageait la discussion. "Le mariage est l'institution la plus fondamentale de notre civilisation", a déclaré M. Bush devant une assemblée de partisans de l'interdiction du mariage homosexuel, représentants d'organisations familiales ou de communautés religieuses. M. Bush a redit que le mariage ne devait se concevoir qu'entre un homme et une femme. Il s'en est pris avec véhémence aux "juges militants" qui "outrepassent leurs pouvoirs" pour remettre cela en cause. "Le meilleur moyen de résoudre cette question, c'est à travers un amendement constitutionnel que je soutiens fermement" et qui ne pourrait être attaqué par les juges, a dit M. Bush. Plusieurs magistrats dans différents Etats ont rendu au cours des dernières années des jugements contredisant M. Bush et alimentant une vive controverse sociale. Une cour du Massachusetts (nord-est) a estimé en 2003 que l'Etat ne pouvait interdire le mariage homosexuel et des unions entre individus du même sexe ont été scellées l'année suivante pour la première fois aux Etats-Unis. Actuellement, c'est aux Etats de statuer sur cette question. D'autres décisions sont pendantes devant des tribunaux locaux. Plusieurs Etats entendent introduire des textes qui proscriraient le mariage homosexuel et appelleront probablement de nouvelles décisions de justice. Que le mariage reste une affaire entre un homme et une femme est "essentiel pour le bien de la famille" et "essentiel pour la bonne santé de la société", a dit M. Bush, qui s'exprimait solennellement sur le sujet pour la deuxième fois en deux jours. Selon lui, il existe un "large consensus" chez les Américains pour en convenir, et l'adoption d'un amendement à la Constitution, un acte rare aux Etats-Unis, remettrait la décision "entre les mains du peuple américain" et non des juges. Depuis 1996, les Américains ont plébiscité à 71% en moyenne lors de référendums dans 19 Etats (sur 50) le mariage comme l'union d'un homme et d'une femme, a-t-il dit. Un amendement à la Constitution a pourtant très peu de chances de recueillir l'approbation des deux tiers du Sénat, puis de la Chambre des représentants avant d'être soumis à celle des Etats, dont les trois quarts devraient donner leur assentiment. Une mesure semblable avait échoué en 2004. La majorité républicaine n'est elle-même pas unanimement favorable à l'inscription du mariage homosexuel dans la Constitution, ne serait-ce qu'au nom de la défense des prérogatives des Etats. Pour l'opposition démocrate, l'engagement de M. Bush n'est qu'un acte d'opportunisme électoral et d'allégeance à la droite religieuse, qui ne s'estimerait pas assez prise en compte. La première dame du pays, Laura Bush, s'est exprimée récemment contre une exploitation politicienne du mariage homosexuel. Et le vice-président Dick Cheney, dont la fille lesbienne vient de faire la une des pages société en désapprouvant la politique familiale de M. Bush dans un livre, n'est pas d'accord avec le président. Source : http://www.courrierinternational.com/AFP/depeche.asp?NewsItem_value=060606070148.12yrh20b.xml |