COLLÈGES. UNE ENQUÊTE INDISCRÈTE QUI INQUIÈTE
vendredi 2 mai
http://www.letelegramme.com/gratuit/generales/regions/bretagne/colleges-une-enquete-indiscrete-qui-inquiete-20080502-2998234_1310805.php
Depuis fin mars, 35.000 familles d'élèves de 6 e ont obligation de répondre à une enquête menée à l'échelle nationale. Seize pages de questions, dont certaines dépassent la ligne rouge, selon des parents d'élèves.
C'est du côté des collèges Parc-ar-C'hoad, à Moëlan, et des Sables-Blancs, à Concarneau, qu'est venue la fronde. Concarneau où, mercredi soir, les parents d'élèves des deux établissements organisaient une réunion publique pour sensibiliser à cette enquête menée par la Direction de l'évaluation, de la prospective et de la performance, à l'Éducation nationale.
Seize pages d'interrogatoire
« Où votre enfant est-il né ? Est-il né Français ? Où êtes-vous né ? En quelle année votre enfant est-il arrivé en France ? En quelle langue parlez-vous habituellement à vos enfants ? Quel est le montant mensuel dont votre famille dispose ? Combien de pièces d'habitation compte votre logement ? L'enfant a-t-il sa chambre ? »... Sans oublier diverses questions sur l'évaluation de l'établissement concerné. Le questionnaire a de quoi surprendre. Un document à but statistique de seize pages, censé être destiné à mieux comprendre les parcours scolaires et les difficultés des élèves.
Amendes aux réfractaires
Au total, 35.
000 élèves sont concernés en France par l'enquête. Ils seraient 800 dans le Finistère. Tous désignés par tirage au sort. « En moyenne, on en compte cinq ou six par établissement », note Thierry Chancerel, administrateur national de la Fédération des conseils de parents d'élèves (FCPE). « Ces enquêtes sociologiques datent des années 70. Mais il y a là des nouveautés qui ne nous plaisent pas. Comme ces questions sur la nationalité, et son caractère obligatoire ». Et les parents qui refuseraient de répondre s'exposent à des sanctions, allant de 150 à 2.250 ¤ d'amende. Autre inquiétude : la question de l'anonymat, en principe préservé. « Chaque questionnaire est associé à un code, comprenant les trois premières lettres du prénom et du nom », constate Maryse Rioual, la présidente de l'association des parents d'élèves du collège de Moëlan. « Notre crainte est que ces données ne servent pas seulement à l'Éducation nationale. Surtout dans le contexte actuel de chasse aux sans-papier ».
La mobilisation enfle
« Pour nous, il n'est pas acceptable que 35.000 enfants soient ainsi fichés », souligne Véronique Blanchet, vice-présidente du comité départemental de la FCPE. Des élèves qui feraient par la suite l'objet d'entretien et de questionnaires individuels, sans leurs parents. D'ores et déjà, il semblerait que beaucoup de parents aient répondu au questionnaire, qui était à retourner avant la mi-avril. D'autres ont décidé d'entrer en résistance. La FCPE s'engageant à soutenir ceux qui feraient l'objet de poursuites. La Ligue des Droits de l'Homme s'est également émue de ce questionnaire. À Moëlan et Concarneau, certains élus sont mobilisés. Et si personne ne semble remettre en cause la nécessité d'enquêtes, beaucoup réclament la suspension de la diffusion du questionnaire et le retrait immédiat de certaines questions.
UNE PÉTITION lancée à l'initiative des Finistériens circule actuellement sur Internet à l'adresse suivante : http://www.lapetition.be/en-ligne/non-au-panel-des-35000-2159.html
Olivier Desveaux