Il y aura maintenant pas loin de quinze semaines que Nicolas a - en compagnie de Laurent, un ami qu'il hébergeait - été agressé à son domicile par une bande de jeunes de la cité où il vivait alors. Les insultes ont rapidement cédé la place aux menaces puis au lancement d'un cocktail Molotov au domicile de Nicolas, depuis la justice est saisie mais reste un problème. Un problème de taille, puisque Nicolas n'a toujours pas trouvé un nouveau logement.
Rapidement la police fait comprendre à Nicolas que la gravité des faits est telle qu'il va lui être impossible de rester dans son appartement. Elle lui conseille d'en partir et même de s'installer dans une autre ville. Il résilie son bail début août. "Je suis allé voir France Habitation, mon bailleur d'alors, qui m'a proposé un logement dans une cité très proche de celle que j'étais contraint de fuir. J'ai évidemment refusé. Très vite, j'ai dû quitter mon appartement et être hébergé chez des amis, chez mes parents, raconte Nicolas. Peu après les premiers articles qui ont paru sur notre agression, j'ai reçu beaucoup de messages de soutien, des mails notamment pour m'aider à trouver un nouveau logement mais je n'ai toujours pas de solution".
Nicolas et Laurent, qui sont amis mais pas en couple, entament alors un marathon pour trouver un hébergement. Pas de solution à Ivry, pas davantage chez France Habitation, les démarches entreprises auprès de la mairie de Paris et de quelques mairies d'arrondissements s'avèrent infructueuses, la Préfecture n'est joignable que sur répondeur. "J'ai souvent laisser des messages expliquant ma situation, personne ne m'a jamais rappelé, explique Nicolas. On m'a renvoyé vers des sociétés d'économie mixte qui gèrent des appartements qui m'ont répondu qu'elles ne faisaient pas d'attributions directes mais que les mairies le faisaient. Mais dans toute sles mairies, les procédures durent plusieurs mois. A mon travail [qu'il a repris fin septembre], j'ai demandé à ce que le DRH fasse jouer le 1 % patronal mais là non plus il n'y a pas de solution."
Les démarches entreprises auprès du Centre LGBT Paris Ile-de-France échouent elles aussi. Le Centre ne dispose plus depuis deux ans, faute de budget, des coupons d'hébergement qu'il pouvait mettre à disposition des homos en situation d'urgence. "Laurent et moi avons trouvé des solutions de dépannage durant l'été et à la rentrée. Nous avons été hébergés chez des amis, un peu chez mes parents. Mais à certains moments, nous n'avons pas eu de solutions, nous avons donc dû coucher dehors plusieurs nuits dans Paris, explique Nicolas. J'attends de mon côté une solution. Il me faut encore patienter, mais je suis très amer de ce que je dois encore subir. J'ai été dans l'obligation de quitter mon appartement parce que j'y ai été agressé, menacé de mort et je suis aujourd'hui sans domicile. Je suis doublement victime et je trouve désespérant qu'il faille attendre encore pour trouver une solution à ma demande d'aide d'urgence. Cette urgence, moi, je la vis depuis plus de deux mois maintenant."
Jean-François Laforgerie
>> Côté justice
Sept agresseurs présumés sont poursuivis pour "injures publiques à caractère homophobe et menaces de mort en raison de l'orientation sexuelle". Le tribunal correctionnel de Créteil a demandé, début septembre, au procureur de la République un supplément d'information et de procéder à "des investigations supplémentaires approfondies". SOS Homophobie s'est constituée partie civile dans ce dossier qui ne devrait désormais pas être jugé avant plusieurs mois.
Mis en ligne le 30/10/06 Source : http://www.e-llico.com/ |