L’Observatoire département des violences faites aux femmes de Saine Saint Denis vient d’organiser une série de journées consacrées à « Dire la violence pour l’interdire ». L’occasion de présenter les résultats d’une enquête conduite par Maryse Jaspard auprès de plus de 1566 femmes de 18 à 21 ans dans le département et de comparer leur situation aux chiffres de l’Enquête nationale sur les Violences faites aux femmes réalisées en 2000 sur les 19-24 ans, selon la même méthodologie.

Les résultats sont sans appel. Si la violence sexiste existe dans tous les milieux, elle est 4 à 5 fois plus élevée dans le 93. 23 % ont subi des violences physiques, 13% des violences sexuelles, souvent avant l’âge de 16 ans. Car contrairement aux idées reçues, ces violences physiques sont moins souvent causées par des jeunes garçons (plutôt responsables d’insultes) que par des adultes dans le cadre familial, qui cumulent les actes de violences : coups, mariages forcés, excision etc. Mais les femmes du département sont également beaucoup plus nombreuses que la moyenne nationale à subir des insultes ou des agressions sexistes.

Sur ces 1566 jeunes femmes, 200 sont en situation de voir leurs fréquentations et leurs sorties contrôlées. Une quarantaine s'est vue exposée à une demande de mariage forcé et 9 ont fini par être mariées de force.

Bonne nouvelle, le travail pour briser l’omerta effectué ces dernières années par des associations féministes ou par Ni putes ni soumises, a porté ses fruits. 68% des femmes parlent désormais des violences dont elles sont l’objet autour d’elles alors qu’elles étaient exactement l'inverse, 68%, à ne pas le faire en 2000.

Mauvaise nouvelle, tous les travailleurs sociaux vous le diront, le meilleur moyen de lutter contre les violences faites aux femmes est de garantir leur autonomie en matière de logement (pour leur permettre de fuir les violences conjugales et familiales et de se reconstruire). Or dans ce domaine, l’actuel ministère du logement de Christine Boutin et de Fadéla Amara ne leur est d’aucun secours. Obnubilé par le tout « sécuritaire » et le « tout propriétaire », il ne pense qu’à vendre 40 000 HLM… Résultat, l’Observatoire départemental des violences faites aux femmes ne peut compter que sur le Conseil général et sur certaines communes de Seine-Saint-Denis pour obtenir des appartements où des femmes pourront prendre un nouveau départ. 13 communes sur 40 ont pour l’instant signé. Soit 21 appartements. Il en faudrait bien plus.

Caroline Fourest

Source : http://www.prochoix.org/cgi/blog/index.php/2007/12/03/1849-violences-faites-aux-femmes-en-seine-saint-denis-enfin-des-chiffres