
Paris : à Violette & Co, à Blue Book, aux Mots à la Bouche etc.,
sur internet par Adventice
224 p. 21 euros
Camille cherche à comprendre comment lui vient l’écriture, pourquoi elle a mis tant de temps à faire éditer son premier livre, alors qu’elle avait ce projet depuis l’adolescence, pourquoi son écriture a changé au fil des années…
Vivre à part entière a toujours été ressenti comme un devoir sacré. Sa réflexion et sa recherche s’ordonnent autour de ce ressenti, dont l’amour des femmes est la force motrice. Amour qui se dévoile brusquement, à mi-vie, quand elle entend les mots d’amour de la femme qui la regarde.
Le rapport à l’écrit occupe une place majeure dans ce livre, qui prend la forme de reportage sur la réécriture d’une nouvelle de jeunesse retrouvée au fond d’un tiroir. Il s’agit d’un voyage au pays du désir de dire, du désir d’écrire, du désir d’une reconnaissance.
La relation simultanée et conflictuelle avec la musique, le rapport difficile que peut avoir une femme avec le langage commun occupé par le masculin, l’obsession de la mort-avant-d’avoir-dit, la passion de la nature et du voyage, la quête de l’amour des femmes, voilà les thèmes familiers que bien des lectrices retrouveront.
Les autres personnages qui composent la toile de fond de ce roman du désir sont l’amie avec qui elle vit - sur cet amour a pu enfin croître l’écriture -, les politiques avec qui elle a résisté, les femmes qu’elle accueille chez elle au long de saisons…
Marion Page, enseignante, vit maintenant à la campagne. Elle consacre son temps à l’écriture de son deuxième « roman du désir », le roman du désir politique, à l’accueil des lesbiennes dans sa fermette picarde, aux voyages et, bien sûr, à son amour.
Courriel : impatiente@libertysurf.fr
Biographie littéraire de l’auteure sur le site des Editions Geneviève Pastre
L'Impatiente, Maison de vacances
C’est le livre du devenir : grandir tout au long de la vie pour pouvoir chercher ce que l’on attend depuis toujours, et trouver enfin ce que l’on cherche. Devenir lesbienne après s’être égarée dans le mariage et la maternité. Devenir soi par l’écriture qui relie les divers « moi ». Cet avènement, il faut une lecture attentive, attentionnée même, pour en suivre le cheminement : de la solitude de l’enfance, riche d’émois secrets, aux quêtes multiples de l’âge adulte, de l’amour de la nature à l’amour des femmes, de la « normalité » à la transgression lesbienne, de la passion du lire à l’obsession d’écrire, de l’admiration des auteures lesbiennes, Monique Wittig et Michèle Causse particulièrement, à sa propre émergence littéraire - oscillant des affres de l’apprentie à la jouissance de la création -.
Telle lectrice se glissera d’emblée dans le premier chapitre, autobiographique, fluide et poétique, telle autre sera peut-être embarrassée par l’anonymat de cette première partie où évoluent ensemble « l’enfant » et « la grande personne ». L’une pourra être perplexe d’entrer ensuite en contact direct avec Camille, la narratrice d’aujourd’hui en proie à cette question lancinante : écrire pour qui, comment, quand on veut raconter son ascension de lesbienne amoureuse et de lesbienne politique, mais aussi, et d’abord, de lesbienne écrivaine. L’autre épousera sans peine cette quête, et suivra avec un intérêt croissant la métamorphose d’Alix Legall en Alexa Feuillet, habitées toutes deux par la musique.
Mais toutes apprécieront l’authenticité de la quête de soi en butte à la contrainte hétérosexuelle et au discours dominant, toutes seront sensibles à la passion de conquérir une langue nouvelle pouvant refléter cet affranchissement qui fait le sel et la fierté de l’identité lesbienne.
Raymonde Gérard, Lesbia Magazine, avril 2003
(extraits)
…ainsi transportée au fil des pages dans cette enfance douloureuse, où Camille attend sans jamais le recevoir l’amour d’une mère, où elle reçoit trop souvent les coups d’un père. Comment ne pas nous reconnaître en elle ? Comment, lorsque toutes ses souffrances, trop fortes, débordent du livre et viennent ouvrir les portes de nos propres souvenirs, de nos propres souffrances, comment ne pas nous demander : « Combien y-a-t-il de Camille en ce monde ? »
Sans fard, sans voyeurisme, pourtant, elle arrive à se livrer, se mettre à nue, pure et fragile comme la neige des montagnes, fraîche comme la rosée du matin au cœur de cette campagne qu’elle affectionne. Petit à petit, elle se cherche et nous montre le chemin. Elle se cherche dans le regard des autres, de L’AUTRE, dans la musique, l’écriture, pour trouver la confiance en elle, ne plus douter d’elle. Pour être enfin un être humain.
Luttes incessantes, combats de chaque instant pour la reconnaissance, jusqu’à ces mots « Je t’aime » prononcés par une femme et qui mirent fin à toutes ces années où sa vie ne fut que « l’alternance des jours et des nuits sur le damier noir et blanc de la vie, où elle cheminait, pauvre petit pion aveugle. »
Quelle réussite, quel bonheur, quel espoir pour nous toutes...
Marie-Christine L.
Tu écris joliment Marion
et nous entraînes vers des chemins de poésie
quand tu égrènes les saisons de la vie,
ce très beau récit d’enfance,
ces villes arpentées,
la neige enchanteresse
l’ "île verte"..., votre île verte,
en attente des fruits rouges du jardin et des récoltes à venir,
des souffles de vent sur ta campagne,
du feu de bois dans la cheminée.
Bonheur pour moi de rencontrer cette écriture fluide et finement ciselée
qui célèbre et transcende le quotidien
avec des mots légers, aériens, chatoyants…
La musique de tes mots est entrée dans mon oreille, ma tête et mon cœur
douce harmonie, douce résonance
merci de ce beau cadeau
Tu écris plus durement, Marion
quand se dévoile la femme « résistante »
quand l’écriture se fait souffrance et révolte
lorsqu’elle questionne, interpelle, dérange même parfois
On te suit, on te perd
au fil des identités plurielles, des récits divergents…
mais c’est toi qu’on trouve au bout du chemin
Toi habitée par l’urgence de dire,
tout dire, tout écrire
et… si le temps venait à manquer ?
Désir d’être entendue,
désir d’être reconnue.
Témoin et/ou écrivain, comment dissocier ? Les genres se fondent et se confondent…
La trame romanesque y perd de sa fluidité peut-être
mais dans le rassemblement et l’articulation de tes écrits,
tu nous dessines la trame de ta vie
et c’est toi qui te trouves au bout du chemin
Au bout du chemin…
en bordure de ce petit village,
j’ai découvert un écrin de verdure,
votre univers à Eliane et à toi,
une terre d’accueil et de partage
une table appétissante, une chambrée sous les toits
les murmures et les rires des femmes autour des tablées,
des livres en pagaille,
quelle chance !
Une maison ouverte et je m’y suis posée
m’y suis sentie libre, m’y suis sentie bien
J’ai rencontré une femme, une âme, un écrivain…
Jolie rencontre que j’ai emmenée dans mes bagages de l’autre côté de la frontière
Ton livre, lui, a déjà quitté l’étagère en bois qui l’avait accueilli
pour d’autres mains, en creuset d’autres regards
Il vit sa vie de livre, que veux-tu !
Je te donnerai de ses nouvelles
Françoise E.